Je viens de le terminer et je m'empresse de le mettre dans la bibliothèque du groupe car je trouve qu'il constitue un chef d'oeuvre de la littérature d'épouvante et de l'horreur. Cependant, il met en exergue aussi une dénonciation du puritanisme et de l'hystérie (au sens freudien du terme) . On peut aussi voir dans la mère de Carrie une figure de la mère inquiétante pour Carry. Elle l'empêche d'être une femme avec ce que cela implique aussi bien sur le plan émotionnel que sur le plan physionomique. L'autarcie des femme, la mère et sa fille de 17 ans n'aide pas l'adolescente à "grandir". La mère selon moi, avale Carrie et la maintient dans sa folie. Cette dernière va être le souffre douleur de ses camarades par son ignorance (épisode de ses règles). Le pouvoir de Carrie qui, enfoui ou refoulé en elle s'appuie sur ses troubles et psychoses et aussi sur univers anxiogène dans lequel elle évolue, va resurgir. Comme dans les autres romans de S.King, selon moi, le développement du pouvoir de Carrie est intrinsèquement lié à sa condition. Ce pouvoir dormant se réveille lorsque le niveau d'alerte ou de souffrance est à son point culminant. Et alors c'est la tragédie car Carrie ne maîtrise pas ses forces liées selon moi à son çà, à son inconscient. Ce pouvoir inexpliqué est selon moi l'ingrédient du genre épouvante et horreur. Cependant, la dimension clinique trouve aussi sa part dans le roman. Le meurtre de ses camarades et le matricide sont ils le résultat de la déferlante de son don ou de sa folie? King réussit un tour de force. La dénonciation du puritanisme écrasant l'individu est indéniable selon moi. Il dénonce aussi le poids du groupe et du conformisme ambiant dans la société. Un individu "autre" ne peut être intégré. Il doit être "évacué". Il accuse la violence sociétale qui ne veut façonner que des individus "sains", "beaux", "intelligents", "charismatiques", "sportifs", et "normaux". mais que veut dire ce terme? La normalité n'existe pas car l'individu obéit à un cycle d'humeurs et à une courbe de variation de son comportement en fonction de la situation et de l'espace dans lesquels il se trouve. Les cliniciens et criminologues le savent. Mais les médias ne les invitent pas : çà ne fait pas joli ni sage. Le roman est intéressant à double titre: si Carrie tue ses camarades par son pouvoir, les étudiants de Colombine le font avec leurs armes de hautes technologies avec une cible privilégiée: les sportifs. Il ne s'agit pas de minimiser la gravité de leurs actes, il s'agit de comprendre les motivations de ces mass murderers qui sont aussi des avatars de notre société. Mais il dénonce aussi la figure de la femme froide (dans tous les sens que ce terme peut désigner) et de la mère-marâtre. De ce fait le matricide qui est le pire des meurtres (il ne s'agit pas ici d'un jugement moral mais seulement une appréciation en terme d'acte psychotique) car plus que le parricide (qui relève de la filiation) et le fratricide (qui relève de la relation aux pairs), il désigne l'annihilation de l'origine (on sait qui est sa mère mais on peut ne pas savoir forcément de quel père on est issu...). A ce moment là, Carrie peut elle encore exister? J'ai trouvé que le film de Brian de Palma est fidèle selon moi au livre. Réalisé dans les années 70, il échappe au "politiquement correct" et au "prises de vue aseptisées". A déguster à satiété!!! Vous pouvez aussi le compléter avec Pychose d'A Hitchcock. Et si vous avez encore de l'énergie à dépenser, une petite soirés en tête à tête avec "L'Exorciste" (la toute première version, pas les remakes!!!!)