Première lecture de Virginie Despentes, la Sulfureuse. La rencontre est fructueuse ; impossible de ne pas entrer dans son univers foisonnant, évidemment composé en grande partie de femmes et présentant des situations à la fois familières et éloignées de notre quotidien.
Familières car l'intrigue est simplissime : Lucie, trentenaire apparemment atone et sans attraits, est une sorte d'enquêtrice qui perd Valentine, une adolescente de 15 ans qu'elle était chargée de surveiller.Celle-ci semble avoir joué la fille de l'air pour aller rejoindre sa mère qui l'a abandonnée alors qu'elle n'avait qu'un an ou pour toute autre lubie que pourrait avoir cette ado nympho, parfois alcoolo et autres si affinités. Un univers sombre donc, et afin de l'épauler dans cette tâche qui lui semble au-dessus de ses compétences, Lucie s'acoquine avec La Hyène, une pro du réseau, lesbienne affichée et terriblement efficace. Ensemble, elles vont remonter le fil qui conduira à cette ado perdue dans tous les sens du terme. Lucie ressortira métamorphosée de cette aventure aux côtés de celle qui va dessiller sa vision étriquée du monde.
L'habileté de Virginie Despentes réside surtout dans un récit polyphonique et multiforme. Chaque personnage fait entendre sa voix et ces changements de points de vue leur permettent de se développer et de se présenter sous des prismes différents. On se demande laquelle de ces femmes a les faveurs de l'auteure ou à laquelle elle s'identifie le plus, à toutes peut-être qui sont une part d'elle-même.
La fin est assurément détonnante et à découvrir.