1904. Sentiments exacerbés, folie, destruction. Une femme à la vie paisible avec un mari et des enfants. Une petite pension bourgeoise du sud de la France. Un scandale éclate : elle décide de tout plaquer et de s’abandonner avec un homme plus jeune rencontré la veille. Très vite, l’indignation remplace l’incompréhension. Seul le narrateur s’attache à comprendre et défendre ces déraisonnements. C’est à travers l’admirable confession d’une femme, d’une sincérité bouleversante que Zweig frappe une nouvelle fois par son génie.
Vous êtes ici
22 Mars 2022
Stefan Zweig : 9 livres pour (re)découvrir son œuvre 80 ans après sa mort
Stefan Zweig : grand pacifiste et réelle figure européenne, il est considéré comme l’un des plus grands écrivains de son temps. Chroniqueur de l’âge d’or d’Europe, il est l’auteur étranger le plus lu en France au XXe siècle. A l'occasion du 80° anniversaire de sa mort le 22 mars, nous vous proposons une sélection de ses plus belles oeuvres afin de retrouver cette façon inimitable de décrire la psychologie profonde d’un personnage.
La passion en ce qu’elle a d’irrésistible, et de semblable à la folie : tel est le thème central de ces trois récits publiés en 1922 par le grand écrivain autrichien. Amok est la confession d’un désespéré et plonge le lecteur dans les sombres abysses du remords et de la folie. Dans Lettre d’une inconnue, Zweig nous livre l’histoire d’un amour passionnel désintéressé et caché d’une femme qui partage la souffrance de la perte de son enfant. Enfin, Zweig narre le caractère irrésistible de la passion transformée en folie à travers l’histoire d’un inconnu martyrisé par une prostituée haineuse dans La ruelle au clair de lune.
Entre subtilité, minutie, force, La confusion des sentiments est à l’image des œuvres de Zweig. Roland, professeur d’un certain âge se remémore sa vie sur les bancs de l’Université, et son admiration pour l’un de ses professeurs. Alors qu’il est en quête inconsciente d’un père, des sentiments naissent en lui, où se mêlent idolâtrie, allégeance et amour dévastateur. Dans cette nouvelle parue en 1927, Zweig écrit la force destructrice de la passion, et dit l'ambiguïté du désir et de l'amitié, la "confusion" des pulsions.
Qui était Marie-Antoinette ? Méprisée par les uns, sanctifiée par les autres, elle est, jusqu’aux écrits de Stefan Zweig, la reine la plus méconnue de l'histoire de France. S’appuyant sur les archives de l’Empire autrichien et sur la correspondance du comte Axel de Dersen, Zweig conduit son lecteur dans l’antichambre de cette reine à l’époque du déclin royaliste. Il fut l’un des premiers à révéler, en 1933, l’essence de l’histoire de France, grâce à la transparence des personnages, qui nous éclaire sur cette sombre époque.
Le monde d’hier est une excellente porte d’entrée pour en savoir plus sur la vite de Zweig. Ce récit écrit la Vienne et l’Europe d’avant 1914, où l’écrivain a connu ses premiers succès, et raconte ses voyages, ses amitiés avec Freud, Verhaeren, ou encore Rilke… Il raconte une Europe où, malgré les tensions nationalistes, la liberté de l’esprit conservait toutes ses prérogatives. Un récit fort et instructif.
A bord d’un paquebot, deux inconnus s’affrontent lors d’une partie d’échecs. L’un, d’origine modeste est champion du monde en titre, l’autre est un aristocrate énigmatique qui n’a jamais pratiqué. Le narrateur, un fin psychologue, découvre le passé de ces deux génies, et par un effet de symétrie, la narration se transforme en un duel tendu entre un esprit brillant et une intelligence abstraite. Mise en scène incisive, cette nouvelle balance entre ouverture et confinement. Publié en 1943, un an après le suicide de son auteur, Le Joueur d'échecs fait figure de testament dans l’œuvre de Zweig.
En février 1942, sont retrouvé les deux corps entrelacés de Stefan et Lotte Zweig, suicidés. Après avoir fui le nazisme et s’être exilé en Amérique, ils ont parcouru tout le continent nord et sud-américain et ont correspondu avec leurs amis et famille restés en Europe. C’est pour tous ses lecteurs l’occasion de lire ses derniers mots mais aussi de découvrir le personnage qu’était sa femme, la discrète Lotte. Un véritable voyage dans le passé qui témoigne du grand amour qui a uni le couple, jusqu’à la mort.
Un couple de retraités, Betsy et son mari, rencontre ses nouveaux voisins : Les Limpley. Lui, débordant d’une vitalité fulgurante, et parfois assommante pour son entourage et sa femme, et elle, tant épuisée qu’elle se fait offrir un chien : Ponto. Une relation qui frôle le despotisme va se créer entre le couple et l’animal. Mais c’est lorsque Mrs Limpley tombe enceinte que tout bascule. Betsy, persuadée qu’ "il" est un meurtrier nous narre l’histoire. Mais de qui parle-t-elle et de quel meurtre s’agit-il ? Un soupçon légitime est finalement l'histoire d'un homme dont les passions vont causer le malheur de son entourage.
Stefan Zweig s'attarde ici sur la vie tragique de la reine déchue d’Écosse et de France. En tant que biographe, il écrit une Histoire romanesque de la vie et la mort de cette femme : « ce n’est que sous l’effet de sa passion démesurée qu’elle s’élève au-dessus d’elle-même, détruisant sa vie tout en l’immortalisant ».