Journaliste officiant au Monde, Laurent Carpentier s’est dit qu’il était temps de troquer sa plume de reporter contre celle de romancier un jour où il était sur l’autoroute. What ? Explications : En passant devant un panneau indiquant Saint-Jean-Kerdaniel, bourgade bretonne d’où venait son grand-père, il se met à raconter l’histoire de son aïeul qui d’un coup lui tire des larmes. Voilà que son passé familial lui saute à la gorge : il n’y a que des excommuniés, des exclus, des exilés, des exterminés, des exécutés, des exploités… Quelle place tenir quand on est issu d’une lignée de bannis ? C’est la question et l’histoire pas si morbide que déroule ici Laurent Carpentier dans une langue très prometteuse.
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14 Août 2015
Rentrée littéraire : 4 premier romans prometteurs
Parce qu’une rentrée littéraire sans premier roman c’est comme un Noël sans cadeau, nous vous en proposons quatre parus aux éditions Stock, Grasset et Fayard et qui ne manqueront pas de vous émouvoir, de vous faire rire et même de vous instruire. Par N.S
Si son nom vous est familier c’est que cet auteur est issu d’une famille bizarre et géniale dont on connaît surtout Christian le plasticien et Luc le sociologue. Grand reporter à L’Obs, Christophe Boltanski s’est donc tout naturellement questionné sur cet héritage bien lourd à porter d’êtres ayant la manie du huis-clos et de l’enfermement. Dans chacune des pièces de l’appartement familial de la rue de Grenelle, le romancier a placé un personnage dont l’histoire dévoile un peu plus le mystère des "Bolt".
Séverine Werba, elle non plus, n’a pas pu résister à l’appel du roman familial. Surtout qu’elle ne connaissait rien ou si peu du passé de son grand-père, Boris, avec qui elle a vécu une partie de son enfance dans un appartement poussiéreux de la place de Clichy. C’est au moment de devenir mère et après avoir cédé toute une bibliothèque de journaux et de livres en russe et en yiddish qu’elle a ressenti le besoin de combler le vide et de reprendre le récit là où il avait été interrompu. Une quête des origines qui l’a menée sur les traces de Rosa, sœur de Boris, déportée en 42 avec sa fille, mais aussi jusqu’à un village ukrainien dont la rivière gelée servait de patinoire au petit Boris. Quand Séverine Werba parle de la genèse de ce roman, c’est avec des trémolos dans la voix et pour cause : c’est à la recherche d’elle-même qu’elle est partie en réveillant les fantômes du passé.
C’est aussi autour d’un drôle de nœud familial que Catherine Dousteyssier-Khoze, professeur de français en Angleterre, a décidé de tisser son premier ouvrage de fiction qu’elle classe elle-même dans la catégorie du roman noir. Il faut dire qu’on y rencontre un personnage assez bizarroïde répondant au nom tout aussi bizarroïde de Nikonor. Snob, acariâtre et quasi centenaire, il vit en ermite dans son château de Corrèze et s’est passionné pour l’étude des champignons. Il est mycologue quoi. Pourquoi éprouve-t-il une telle haine envers sa sœur jumelle, Anastasie, auprès de qui il a reçu une éducation très XIXe siècle ? Et que sont devenus tous ses proches ? Mystère et boule de gomme (enfin boule de cèpe).