Il est plus que temps de redonner voix au chapitre aux pays africains. La littérature ne s'y trompe d'ailleurs pas qui, par les plumes diverses du continent, en donne le pouls et clame sa richesse et sa modernité. Par exemple, le prix Voix d'Afriques, récemment lancé, a pour vocation de révéler les nouveaux talents africains de demain, et félicitons-nous de la visibilité grandissante d'auteur.es comme Leonora Miano (née au Cameroun en 1973) qui nous proposait une dystopie pétrie de panafricanisme avec Rouge impératrice en cette rentrée, Abdourahman Waberi (né en 1965 à Djibouti), finaliste du prix Renaudot avec Pourquoi tu danses quand tu marches ? (JC Lattès) ou encore Alain Mabanckou (né en 1966 en République du Congo), fervent porte-parole, livre après livre, des enjeux contemporains du continent africain. Ces deux derniers viennent d'ailleurs de rendre un hommage tantôt drôle, tantôt sérieux mais toujours ludique et informatif à leurs origines dans un Dictionnaire enjoué des cultures africaines, sorte de mythographie à la Barthes de l'histoire, la culture et les habitants des afriques, de tout un monde en pleine mutation en somme.
De Abacost à Zem : un chant d'amour pour la richesse des Afriques
De "Abacost" (veston d'homme ayant fait son apparition en République du Congo en 1972), à "Zem" (sorte de mototaxi civil béninois), en pasant par "Afrofuturisme", "Bissap", "Aimé Césaire", "Assia Djebar", "Haïti", "Ahmadou Kourouma", "Rwanda", "Leopold Sedar Senghor", "Vénus hottentote" ou encore "Y'a bon Banania", les deux écrivains déroulent un long chant d'amour aux ressources de leur continent. Les deux écrivains n'oublient pas de consacrer une entrée au Franc CFA, monnaie encore en cours dans de nombreux pays d'Afrique noire francophone au moment de l'impression du dictionnaire mais dont Emmanuel Macron et Alassane Ouattara, président de la Côte d'Ivoire, viennent d'annoncer la suppression dans huit pays au profit d'une monnaie unique, l'Eco. Invité de France Inter ce 23 décembre pour commenter l'événement Alain Mabanckou saluait cette avancée : "Il faut prendre la mesure de ce que représente le franc CFA, qui veut dire "le franc des colonies françaises d'Afrique", créé en 1945. Il continuait à donner l'impression que la domination de la France était toujours là." indique l'auteur au micro d'Ali Baddou. Un pas plus que symbolique à l'aune duquel on peut lire l'intégralité de cet indispensable Dictionnaire enjoué des cultures africaines.
Alain Mabanckou, auteur de "Dictionnaire enjoué des cultures africaines" : "Le #FrancCFA, qui veut dire "franc des colonies françaises d'Afrique", continuait à donner l'impression d'une domination de la France" #le69Inter pic.twitter.com/vX8m3GDXzo
— France Inter (@franceinter) December 23, 2019
Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi : deux des nombreuses voix contemporaines de l'Afrique
Né en 1966 à Pointe-Noire, Alain Mabanckou est désormais l'une des voix les plus reconnues de la francophonies africaine après avoir reçu le Prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic en 2006 et été maintes fois récompensé pour l'ensemble de son oeuvre. Il a notamment enseigné à Los Angeles et au Collège de France, leçons dont seront tirées le 8 janvier ses Huit leçons sur l'Afrique chez Grasset. Abdourahman Waberi est né en 1965 à Djibouti. Il racontait notamment une partie de sa jeunesse dans Pourquoi tu danses quand tu marches ?, salué par la critique à la rentrée et finaliste du Prix Renaudot (il nous en parlait ici en vidéo).
La rédaction