L’horreur de la Seconde guerre mondiale et particulièrement des exactions perpétrées par le régime nazi serait-elle encore une entrée pour comprendre le chaos de notre monde actuel ? C’est sans doute l’avis des jurés des prix Goncourt et Renaudot qui viennent de remettre leurs récompenses ce lundi 6 novembre à Eric Vuillard pour L’Ordre du jour (Actes sud) faisant le récit de l'Anschluss et Olivier Guez pour La Disparition de Josef Mengele (Grasset).
Accompagner Josef Mengele dans sa chute
Ce dernier, très remarqué au catalogue Grasset depuis sa parution en août, raconte "l’odyssée mystérieuse et effrayante de Josef Mengele en Amérique du sud" comme nous l’expliquait l’auteur il y a déjà plusieurs mois. Voici donc Olivier Guez prestigieusement récompensé pour ce morceau de bravoure stylistique mais aussi du point de vue des recherches historiques. Traqué plusieurs années, l’ancien médecin tortionnaire du camp d’Auschwitz s’est en effet caché en Amérique du sud en vivant sous plusieurs fausses identités jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage argentine en 1979. "S’il n’a jamais été rattrapé par la justice, a-t-il du moins été puni par la vie ?", se demande en subsance le journaliste et romancier qui l’acompagne ici dans sa chute.
Olivier Guez : "Je ne voulais pas être ensorcelé par ce personnage à la réputation maléfique"
"C’est comme si je lui avais passé une corde autour du cou et que la corde se resserrait au fur et à mesure jusqu’à sa mort en 1979" précise Olivier Guez qui affirme avoir lutté jusque dans son sommeil avec ce personnage envoûtant et maléfique. "Je ne voulais pas être ensorcelé. (…) J’ai procédé de manière à être le marionnettiste et non pas l’énième marionnette de Josef Mengele" poursuit-il. Ce prix Renaudot et sa promesse de toucher dans quelques jours un très large lectorat resserre encore l’étau : le voilà pris dans un bien vaste filet.
N.S