20 Janvier 2016
Premier roman de Christopher Bollen, jeune et talentueux rédacteur en chef de la revue Interview, Manhattan people plonge son lecteur dans une New York désabusée avec une poignée de trentenaires à la dérive. Mais trêve de mots, place aux dessins avec notre nouveau DrawMyBOOX !
C’est quoi New York depuis le 11 septembre ? Pour Christopher Bollen, la ville n’a plus rien de reluisant. En tout cas dans son premier roman, Manhattan people (Calmann-Lévy) où l’on croise une poignée de personnages tous plus paumés les uns que les autres.
Tout s’ouvre sur un drôle de monologue intérieur où l’on apprend que la foudre fait de plus en plus de victimes à Manhattan parmi les fêtards se réunissant sur les toits terrasses de la ville. Et pour cause : les tours jumelles ayant disparu, ces "petits corps conducteurs en jeans serrés et tee-shirts sales" sont autant de nouveaux paratonnerres. Une bien belle et tragique métaphore pour ouvrir un roman dense et noir où se croisent, s’aiment et se déchirent un acteur qui rêvait d’Hollywood mais qui n’est star que dans des pubs de mousse à raser et habitué et membre d’un groupe conspirationniste, sa jeune épouse d’origine grecque fatiguée de devoir prouver le bien fondé de leur union et prête à tout pour lâcher son emploi de subalterne au zoo du Bronx, l'ex de celle-ci, photographe en pleine crise de la trentaine et toujours amoureux d’elle, la sœur de ce dernier tiraillée entre deux pays, un autre acteur encore plus raté que le premier qui noie le chagrin de son divorce dans les soirées extravagantes et les substances illicites, un sexagénaire bedonnant, séropositif, usé et nostalgique du West Village nocturne ou encore une veuve étrange, prête à tout pour réaliser un film sur la mort suspecte de son mari… Le tout dans une grosse pomme accablée de chaleur et en proie à des black-out soudains. Sur qui la foudre s’abattra-t-elle ?...
Talentueux rédacteur en chef de la célèbre revue Interview fondée par Andy Warhol, Christopher Bollen est déjà adoubé par ses pairs outre-Atlantique et mérite en effet bien des éloges. Car ses trentenaires à la dérive du New York post 11 septembre nous semblent bien familiers de ce côté-ci de l’océan également.
Noémie Sudre