Philippe Vilain en un clin d’œil :
Romancier, essayiste et docteur ès lettres, Philippe Vilain est né en 1969. Il a publié une dizaine de romans chez Gallimard et Grasset. Lire la biographie de Philippe Vilain.
Pourquoi on aime "La Femme infidèle" :
Dès ses débuts, Philippe Vilain n’a jamais caché ses admirations et ses modèles littéraires. Le Renoncement (Gallimard), paru en 2001, par son intrigue, se plaçait ainsi en droite ligne avec Adolphe de Benjamin Constant. Alors que tant d’écrivains cultivent le style fait de phrases courtes et sans affect, Philippe Vilain se revendique comme héritier des auteurs de romans d’analyse du XIXe siècle. Il explore le sentiment amoureux dans de longues phrases épousant les méandres de la pensée. Un style classique et des sujets intemporels que Philippe Vilain sait adapter au monde d’aujourd’hui en s’appuyant sur ses propres expériences.
La jalousie est un sentiment qui habite tous les amoureux, à un moment donné. Chez Philippe Vilain, c’est une obsession sans laquelle la passion ne saurait être et qui modifie le cours de l’histoire. Tous ses narrateurs ont un "imaginaire jaloux" mais ce sentiment prend différentes formes, suivant la place qu’occupe celui qui l’éprouve (ex, amant, mari). Dans L’Etreinte, le narrateur enviait le nouveau compagnon de son ex. Dans Pas son genre (Grasset, 2011), Jennifer, coiffeuse dédaignée devenait désirable à la pensée qu’elle puisse appartenir à un autre.
Après s’être mis dans la peau de l’amant d’une femme mariée dans Paris l’Après-midi (Grasset, 2006), Philippe Vilain met en scène, dans La femme infidèle, l’homme trompé. Pierre Grimaldi, son narrateur, découvre un jour par hasard un sms prouvant l’infidélité de sa femme. Passé le moment de surprise, Pierre Grimaldi prend conscience que sa compagne lui échappe. Comme dans tous les romans sur l’adultère, Grimaldi jalouse l’amant, espionne sa femme, lui tend de petits pièges pour la faire avouer. Mais en choisissant de donner la parole au mari trahi, souvent personnage secondaire et presque ridicule de ces histoires, Philippe Vilain montre une autre facette de l’infidélité. En effet, celle-ci n’apparaît pas seulement comme une tromperie mais aussi un révélateur de soi et de l’autre. Pierre Grimaldi découvre ainsi une autre image de sa femme et se révèle également à lui-même. Ce banal comptable se lance dans des réflexions pleines de finesse sur l’usure des sentiments, le mariage, la souffrance, la solitude. À partir de l’infidélité, un aléa de la vie de couple, l’auteur souligne ainsi la complexité de l’amour fait d’illusions, de peur, de générosité et d’égoïsme.
Comme dans ses autres romans, Vilain fait de son narrateur un être qui n’agit pas. Il semble se laisse porter par les événements, par la femme aimée qu’il observe. Il semble seulement, car c’est bien l’inaction et le silence qui dénoueront l’intrigue…
La page à corner :
Pierre Grimaldi propose à sa femme de retourner à Naples où ils s’étaient rendus au début de leur relation. "Je reconnaissais si peu Naples, en fait, que, s’il ne nous était resté aucune photo de notre passage (…) j’eusse été sur le point de croire que je n’y étais jamais venu, que j’avais tout inventé, comme si mon histoire, insoumise au temps, se recomposait à sa guise et que, pour la réiventer, il me fallait en passer par les chambres noires de la mémoire, une forme d’oubli et de ressouvenir…"
"La Femme infidèle" dans la presse :
"Pierre Grimaldi, c'est l'anti-Bovary, l'anti-Karenine. C'est à l'intérieur de son cerveau que nous plonge le romancier, nous offrant une vue imprenable sur les tourments de l'amoureux bafoué." François Busnel, l’Express.
"Le rapport amoureux est un rapport de force, n'en déplaise aux tenants de l'amour romantique, et c'est cela qu'ausculte sous toutes ses coutures et sans ciller Philippe Vilain…" Nathalie Crom, Télérama.
Ariane Charton