John Bartle s'est engagé parce qu'il voulait être un homme. Après les combats à Al Tafar en Irak, il n'en sera plus jamais un. Même si les américains sont fiers de lui, il n'éprouve que de la honte. Ils sont reconnaissants alors qu'on devrait le détester.
Pour son premier roman, Kevin Powers décrit la guerre dans toute son horreur d'autant plus qu'elle est vue dans les yeux de deux amis de circonstance, John et Murph. A peine 21 ans, John promet à la mère de Murph de veiller sur son fils âgé de 18 ans.
Sous les ordres du sergent Sterling, déjà bien aguerri aux combats, les deux jeunes recrues tombent brutalement dans l'horreur de la guerre.
L'auteur alterne la mémoire de John qui, petit à petit nous fait découvrir ce qui s'est réellement passé en Irak et ses états d'âme lorsqu'il rentre seul en Virginie.
" je me sentis obligé de le souvenir de lui précisément, car la mémoire est porteuse de sens, et personne d'autre ne saurait jamais ce qui s'était passé, peut-être pas moi-même. Je n'y arrive toujours pas vraiment. Lorsque j'essaie de l'en rappeler dans le détail, je n'y parviens pas. Lorsque j'essaie d'oublier, le souvenir revient d'autant plus vite et avec d'autant plus de force. Sans trêve. Et alors ? J'ai ce que je mérite."
Comment vivre avec la honte, la culpabilité, les fantômes ? Comment revenir d'un endroit où la mort vous entoure à une vie normale où l'on vous remercie d'avoir tué pour défendre le pays ?
Comment affronter la mère de Murph qui comptait sur vous pour défendre son fils ?
En oubliant les petites coquilles du traducteur (je présume), quelques errements et abus de comparaisons, les inévitables petites phrases des hommes de guerre ("ouais, mec"), le style peut aussi être beau et lyrique.
Dès les premiers mots du roman,la guerre est personnifiée. Elle tue de très jeunes américains et fait perdre ses illusions et sa santé morale à ceux qui en reviennent.
Yellow birds est un bon premier roman qui fait ressentir au travers des émotions du jeune John Bartle les dommages de la guerre. L'innocence des deux jeunes soldats sera vite balayée faisant place à la peur, à la folie et à la honte.
" Le chagrin est un mécanisme concret, et nous ne pleurons que ceux que nous connaissions. Ceux qui nous étaient étrangers et qui mouraient à Al Tafar s'intégraient au paysage, comme si quelque chose avait semé dans cette ville des graines qui faisaient sortir de terre, de la poussière, ou des pavés, des corps telles des fleurs après le dégel, desséchées et flétries sous un soleil froid et lumineux."
Vous êtes ici
Yellow birds
Onglets livre
à voir
A lire aussi
Remarqué en 2013 avec Yellow birds (Stock), ode romanesque inspirée de son expérience en Irak en tant que soldat de l’armée américaine, Kevin...
Dans Des murmures (JC Lattès), Ashley Audrain explore une nouvelle fois le thème de la maternité et signe un thriller qui tient en haleine jusqu...
À l'occasion de la sortie de l'adaptation cinématographique de son roman La Zone d'intérêt et en hommage à sa disparition en mai dernier...
Avis des lecteurs
4/5
Note moyenne obtenue sur :