Ce livre est l'autopsie d'un fait divers. En 2006 une bande emmenée par Youssouf Fofana (Yacef dans le livre) enlève Ilan Halimi (Elie dans le livre) parce qu'il est juif et que pour eux " les juifs ont de l'argent ". Il est séquestré, subira de nombreux sévices puis sera laissé pour mort dans un bois. La presse a baptisé cette bande " Le Gang des Barbares ", barbares représentait " étranger " pour les grecs et les romains mais ce ne sont pas des étrangers au sens de " différent " qui ont commis ce crime, ce sont des filles et garçons comme nous, qui comme nous ont été à l'école républicaines, comme nous vivent dans des quartiers plus ou moins " fréquentable " et c'est cela qui est absolument glaçant dans ce livre : ce crime a été commis par des gens que l'on croise chaque jours à la boulangerie, dans la salle d'attente d'un médecin, au café... Il est dans ce cas surement rassurant pour l'inconscient collectif de les nommer " barbares ". Ce ne sont pas des barbares, ce sont les pieds nickelés du crime, les abrutis du système, élevés aux séries tv, ayant pour seul horizon les murs de leurs cités et pour seul avenir la débrouille et les magouilles.
Ce livre est sidérant. Il est incroyable de voir autant de protagoniste garder le silence, minimiser les faits, ne pas prendre conscience qu'une vie est en jeu. Plusieurs parlent à des amis, à leurs parents une réaction prédomine : ne rien dire, ce ne sont pas nos affaires. Pourquoi ? Un simple appel anonyme à la police aurait peut-être pu sauver ce garçon. Si ce n'était pas aussi grave ou rirait de ces gens, de leurs inculture, de leur bêtise, mais c'est grave ils sont nombreux par leurs actions, leurs silences, leurs complicités à être responsable de l'agonie et de la mort d'un jeune homme. L'auteur détaille les fait tel un clinicien, il nous relate minute par minute l'organisation bancale d'un crime. Les tentatives ratés, les complices peu fiable, les geôliers incontrôlables.
Ce roman baigne dans l'islamisation de ces jeunes en ruptures qui deviennent musulman parce que c'est " cool " tel ce geôlier qui " rattrape " ces prières le soir n'ayant pu les faires durant sa journée de garde de la victime. L'appât qui elle semble n'avoir aucune conscience de ce quelle fait, jolie poupée ayant besoin d'être regardé pour existé. Yacef qui clôture un mail de demande de rançon d'un " bisou " incongru, qui harcèle les familles et se retrouve rattrapé par son bégaiement des que la situation lui échappe. On comprend également comment la strategie policière, qui semble avoir utilisé des " méthodes " courante dans le cas de kidnapping contre rançon, a échoué car il n'avait pas face à eux un gangster, un kidnappeur avec une stratégie, mais une bande de bras cassés emmenée par un illuminé. Une bande sans moyen, sans strategie qui gérait au jour le jour l'affaire. Assez vite certains vont partir, d'autre vont se plaindre mais aucun ne relâchera Eli même quand le meneur les dirigera depuis la Cote d'Ivoire où il se refugie régulièrement. Elie a été retrouvé près d'une voie de RER par une passante, corps brulé et mutilé, il décédera peu de temps après à l'hôpital.
Un bémol toutefois, la couverture du livre que je ne trouve pas engageante du tout.
L'auteur ne prend pas partie dans le livre, il relate les faits juste les faits en se permettant toutefois parfois une ironie qui en dit long. Il s'avère tout de même qu'avec les citations introduisant chaque chapitre l'auteur semble nous transmettre sa vision des choses sans y toucher vraiment ce qui m'a un peu gênée. En effet de nombreuses citations nécessiteraient d'être creusées et étayées.
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