<p>Survitaminé, ce roman l’est certainement, comme l’est son auteur, Alexandre Jardin, et son héros, Alexandre, dans sa volonté de reconquête de Fanfan, l’âme sœur. L’écrivain prend un malin plaisir à nous faire passer du monde réel à l’imaginaire débordant de son héros, écrivain habitué des bestsellers, poussé par son éditeur Dizzy et le cinéaste-producteur Darius Ponti à écrire la suite des aventures de Fanfan et d’Alexandre. Les deux compères sont loin de se douter de l’issue de ce plan trop prévisible. Sans compter les coups portés par l’odieuse Faustine d’Ar Men. <br />
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Derrière le roman à l’eau de rose qui pourrait en faire fuir plus d’un, se cache pourtant une réflexion plus profonde sous forme de fable sur l’amour et la gestion du quotidien d’un couple, afin d’éviter l’usure du temps tant redoutée de l’engagement. Fanfan et Alexandre nous sont dès les premiers instants attachants. Deux êtres rêveurs en marge du monde, poétiques à l’excès, adolescents qui ne voulaient pas grandir, jusqu’à ce que leur innocent bonheur n’agace les esprits mal-pensants. Il y a un peu de la poésie de Boris Vian dans ce monde imaginé, fruit d’une construction quotidienne de leur vie à deux. Et si aimer signifiait « <em>étonner</em> » un peu plus l’être aimé chaque jour ? Il sera dès lors interdit de dire « <em>je t’aime pour toujours</em> ». Désormais, ceux qui s’aiment emploieront le « <em>je t’aime pour tous les jours</em> ». <br />
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En plus des géniales inventions linguistiques, qui feraient frémir de jalousie plus d’un immortel en habit vert en recherche de nouveaux mots pour son dictionnaire, le roman recèle de petites madeleines, à savourer sans compter. Tel le farfelu hommage non-posthume à un Jean D’Ormesson disparu en coup de vent de l’Académie française, mais bien vivant, ou encore la scène magistrale de fin dans un drive-in d’Ostie, prétexte à l’union des deux passions de l’auteur, la littérature et le cinéma.<br />
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Alexandre Jardin est un farceur et un poète. Il s’amuse à inverser les convictions de ses deux personnages, autrefois aperçus dans <em>Fanfan</em>, dont la lecture, pour ceux qui n’avaient pas eu le bonheur de le connaître, n’est cependant pas indispensable pour se délecter de ce second volet. Poète, il nous emmène dans une danse endiablée, à la fois drôle et émouvante, sur le chemin de ces deux héros hors normes qu’on aimerait avoir la chance de rencontrer au croisement d’une rue de son Montmartre imaginaire. Il nous laisse rêveur pour longtemps.<br />
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