Je referme à l'instant " Persécution ", prix du meilleur livre étranger 2011 et je ne sais trop quoi en penser. Je suis au moins sûre de deux choses :
1) L'histoire est secondaire : vous n 'y trouverez pas de suspense, mais des temps morts et des digressions pire que quand ma mère me raconte sa journée. Vous n'y trouverez pas de lettres empoisonnées à la ricine non plus, pas de Glenn Close borderline, et encore moins de Michael Douglas au bord de la crise de nerfs, juste quelques mots écrits à l'encre violette par une gamine de 12 ans qui les dépose dans le tiroir à chaussettes du père sexy de son petit ami dont elle s'est entichée et qui finit -on ne comprend pas vraiment comment- par intimider ce grand cancérologue de 48 ans à un tel point que celui-ci ne plus la saquer. Il fait l'erreur fatale , immature, stupide, de répondre à quelques unes de ses lettres avant de ne plus y répondre du tout et, la petite se sentant rejetée, elle les utilise contre lui. Voilà une bien longue phrase pour vous expliquer que, si vous choisissez ce roman comme compagnon de plage, n'espérez surtout pas le grand frisson, hein, c'est pas Liaison Fatale, non mais oh ! What did you expect ?
La prépubère n'est d'ailleurs présente que dans un seul des quatre chapitres et j'ai pour ma part été relativement déçue par le manque d'épaisseur de ce personnage qui en méritait bien plus étant donné le contexte, quoi, crotte de nez .
2)L'histoire est secondaire car le but de l'auteur n'est pas d'écrire un roman à suspense ou un thriller psychologique tordu mais plutôt de faire une critique acerbe de la société (c'est tellement plus marrant), une critique qui aurait pu être intéressante si Piperno ne s'était pas contenté d'enfoncer des portes ouvertes : les médias sont pourris-méchants-pas beaux, la justice est aléatoire, on pratique à donf la culture de l'apparence, et les prisons sont dégueulasses. Même la famille en prend pour son grade :
" C'est incroyable comme les familles s'habituent tout de suite à leur propre hypocrisie. Comme il suffit de peu pour devenir hypocrite. "
Dans l'ensemble, je me suis ennuyée (beaucoup, vraiment trop vers la fin, une fin que je n'ai pas comprise), notamment parce que je n'ai éprouvé aucune sympathie pour Leo Pontecorvo, pauvre, pauvre petit bourgeois trop lâche découvrant l'injustice du monde/de la vie : bouh. Nan mais rendez-vous compte! Rachel ne veut même plus lui adresser la parole depuis qu'elle a appris qu'il fricotait avec la copine de son fils! Et dire que d'habitude c'est toujours elle qui fait le premier pas vers la réconciliation quand ils se disputent :(. Trêve d'ironie.
Ce qui m'a dérangée, c'est que le personnage ne peut s'en prendre objectivement qu'à lui-même mais qu'il ne se gêne pas, dans son délire paranoïaque, pour blâmer le monde entier. Pontecorvo est soi-disant trop abasourdi pour s'expliquer, trop dévasté et honteux pour avoir le courage d'être enfin honnête avec sa femme, ses enfants. Sa réaction n'est pas crédible.
Et puis, si le coup du mystérieux narrateur (car il y a un mystérieux narrateur qui dit des choses comme "moi, le mystérieux narrateur, c'est à vous que je m'adresse, blablabla..." -j'abuse un tout petit peu) a éveillé ma curiosité au départ, grande fut ma déception quand j'ai compris que l'on en saurait pas plus sur lui ni d'ailleurs sur les non moins mystérieux dessins que quelqu'un (sa femme? Filippo? Samuel?) glisse régulièrement sous sa porte?
N'ayant pas l'intention, de peur d'être encore flouée, de lire le deuxième volet du dyptique, j'imagine que je n'aurai jamais de réponses à mes questions. Si jamais vous pouvez m'aider, merci de laisser un message dans les commentaires ou de vous taire à jamais.
"Persécution" : pourquoi je ne remercie pas Simone.