Philippe Vilain revendique l'écriture du moi - Philippe Forest dirait Une littérature dédiée à l'expérience -, et le genre psychologique. J'ai beaucoup apprécié son avant-dernier "roman" - la vie est un roman, Confession d'un timide (Grasset - 2010). Voici le dernier, une grande réussite, une source de coups de cœur pour les lecteurs qui découvriraient cet écrivain talentueux.
Il pose une intrigue qui unit deux personnages aux antipodes de la comédie sociale : lui, le narrateur à la première personne, bourgeoisie parisienne, agrégé de philosophie, jeune professeur de lycée en avant-poste de carrière universitaire ; elle, Jennifer, bimbo artésienne de vingt cinq ans, coiffeuse, adepte de l'horoscope, des magazines people et de Guillaume Musso. Bref, pas son genre ! Ils se rencontrent à Arras où il est muté, où elle est employée du salon de coiffure mode du chef-lieu du Pas-de-Calais, Friselis - de la valeur ajoutée d'un littéraire dans la désignation boutiquière !
Philippe Vilain dote son personnage masculin d'une singulière qualité que le premier chapitre développe : " En amour, [...] je ne me suis jamais résolu à m'engager, [...] par indécision aussi, parce que je sens que m'engager ne me satisferait pas plus que de ne pas m'engager, et que rien ne me paraît plus absurde que de choisir entre une insatisfaction et une autre. " Le roman est le récit de cette valse-hésitation amoureuse, de la conquête à une chute renversante (à moins qu'elle ne soit tragique !). Le ton est grinçant souvent drôle, sur le mode, comme je l'ai dit, de la comédie. L'analyse psychologique et les circonvolutions amoureuses sont rapportées au travers d'une écriture enveloppante dont on s'attend à ce qu'elle débouche sur un temps du subjonctif. Réfléchissant à cette chronique, m'est venu à l'esprit le nom de François Mauriac maître du genre : oser le rapprochement ou friser le blasphème ? J'en étais là de mon indécision quand je lus que Philippe Vilain a reçu le Prix François Mauriac de l'Académie Française pour un roman précédent (Paris l'après-midi, Grasset - 2006)... Bimbo, euh je veux dire bingo : Pas son Genre est un roman mauriacien, avec tout ce que cela exprime de finesse, d'ironie et de cruauté. Conclusion raccord avec tout le bien que je pense de ce livre pénétrant et malicieux.
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Avis des lecteurs
3/5
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