Vous êtes ici

Mémoires d'outre tombe (Tome 1)

Onglets livre

Partager via Facebook
Partager via Twitter
Partager via Pinterest
Imprimer la page

A lire aussi

23 Avril 2019

Suite à l’incendie spectaculaire de Notre-Dame de Paris le 15 avril dernier, l’émotion a saisi une grande partie de la population...

12 Octobre 2018

L’auteure guadeloupéenne Maryse Condé a reçu ce 12 octobre le "nouveau prix de littérature" remis exceptionnellement par des...

13 Février 2018

Embarquez pour un nouveau voyage en Terre du Milieu grâce à Audiolib qui, pour fêter ses 10 ans, édite le plus grand des classiques d’heroic...
Henri-l-oiseleur
3.85
21 Avril 2017
Publié sur
Le grand livre de Chateaubriand a lui-même une histoire, aussi mouvementée que celle de son auteur. L'édition (qui n'existe plus dans le commerce) que fit Garnier-Flammarion , dite du Centenaire, étab.....
Georwell
3.85
20 Mars 2016
Publié sur
Que dire d'un tel chef d'oeuvre ? Que dire d'un livre où tout est présent ! "Tout" signifie ce que rêve un lecteur, voyager dans des contrés lointaines où le monde était encore en découverte, voyager .....
livius
3.85
27 Octobre 2014
Publié sur
Chateaubriand nous livre ici l'histoire de sa vie et des événements auxquels il a été mêlé...

Avis des lecteurs

 
4/5
Note moyenne obtenue sur :
Fnac Babelio Hachette.fr
Portrait de Anonyme
Anonyme
5/5
23 Décembre 2021
Publié sur
Les Mémoires sont en effet structurés en livres, composés de chapitres, chacun assez court, dédié à un épisode principal de la vie du maître ou à quelques épisodes secondaires. Je prends des notes, m'attachant moins - après avoir commenté sa récente biographie (voir Chateaubriand par Jean-Claude Berchet) - aux événements qu'à son style. J'aimerais en effet, au sortir de cette lecture, écrire quelques feuillets sur le génie de l'écrivain, ouvreur célébré du romantisme (Rousseau, que je souhaite reprendre dans la suite, en étant le précurseur*). Il est plus facile, pour rendre-compte d'un livre, d'évoquer l'histoire qu'il raconte que de décrypter la manière, voire l'art (ici le génie) de la raconter. C'est pour moi, l'occasion ou jamais, de tenter l'exercice... L'occasion ou jamais, je veux dire la lecture la plus accomplie que j'ai jamais entreprise. A suivre... * ne jamais oublier que Rousseau était l'écrivain préféré de Chateaubriand
Portrait de Anonyme
Anonyme
5/5
23 Décembre 2021
Publié sur
Au cours de la lecture surgissent, en vagues serrées, toutes les figures qui confèrent sa grandeur à l'écriture. J'en entrevois quelques-unes à ma portée. La littérature est d'abord affaire de mots comme la grande cuisine l'est de produits ; viennent après, leur appareillement sous la férule de l'artiste à la manœuvre. Je suis plus souvent ému par un mot ou une tournure que par la syntaxe ; j'aime en citer dans mes chroniques, à l'acmé du plaisir d'une lecture : le mot original et juste qui donne sa grandeur à la phrase, qui la rend définitive. Je ne manque pas de le faire ici : " Tant de poussières vannées par le souffle de la Révolution l'attestent. " Plus loin : " [Les jardins] descendent en pente dans une vallée : toujours lumière fade, sol grisâtre comme dans ces fonds anguleux des montagnes du Nord où la nature décharnée porte la haire." Vanné, haire : qui dit mieux ? Si la prose est subitement illuminée d'éclairs d'éloquence - il s'agit aussi bien d'un discours public à la Chambre des Pairs que d'une lettre intime à Madame Récamier rapportant ses impressions d'une cérémonie papale à la chapelle Sixtine -, elle est également capable de familiarité, allant jusqu'à pasticher ici le jargon d'un douanier suisse : " Il m'a fait faire 'un bedit garandaine d'un guart d'hire'. ", n'hésitant pas à employer là un mot d'argot : " La chambrière [...] vous 'bigle' ferme..." Alors en rupture avec l'écriture solennelle de l'époque telle qu'elle apparaît, par exemple, dans les lettres : les siennes, notamment écrites en tant qu'ambassadeur, celles des femmes (nombreuses) qu'il a aimées. Comme Dior le fit un siècle et demi plus tard du corps de la femme, Chateaubriand libère la langue de son carcan classique, lui conférant une fluidité inouïe qui la porte à l'un de ses sommets, inédit et pérenne. Muni de ces outils de précision chirurgicale que sont les mots justes, Chateaubriand fouille les grand-huit de l'âme (serpentines et toboggans). Cette perspicacité lui inspire, par exemple, une page supérieure pour exprimer la volte-face qu'il subit à sa démission des Affaires étrangères après l'exécution du duc d'Enghien : " Les personnes tombées [affidées à Bonaparte] prétendaient avoir été forcées et l'on ne forçait, disait-on, que ceux qui avaient un grand nom ou une grande importance, et chacun, pour prouver son importance ou ses quartiers, obtenait d'être forcé à force de sollicitations. " L'ampleur et la précision de l'écriture prête au récit, la hauteur à l'éditorial. Les longues séquences dédiées à l'actualité politique et à l'action publique alternent heureusement cette double expression des faits et des idées. Après lecture des chapitres consacrées à l'abdication des Bourbons et à l'arrivée au pouvoir de Louis-Philippe (les Trois Glorieuses - juillet 1830), je m'interrogeais sur la séduction de ces pages : elles ont, deux siècles après, la fraîcheur de mon quotidien préféré et je lis les prises de position de l'auteur avec la passion qui présidait à la découverte hebdomadaire du Bloc-notes de François Mauriac au début de la Ve République. Peut-on rendre plus bel hommage à la magie immortelle de ce style ? Les hommes font l'histoire et Chateaubriand n'a aucune illusion sur leur propension à sacrifier l'intérêt public à leurs intérêts particuliers, révélant la bassesse de leurs caractères et l'opportunisme de leurs ambitions. C'est en maniant l'ironie qu'il les traite, relevant le propos - s'il en était besoin, de traits cinglants : " Il y a des hommes qui, après avoir prêté serment à la République une et indivisible, au Directoire en cinq personnes, au Consulat en trois, à l'Empire en une seule, à la première [...] à la seconde Restauration, ont encore quelque chose à prêter à Louis-Philippe : je ne suis pas si riche. " Plus loin : " Pénétrez dans l'âme d'un bon nombre de ces hommes armoriés de noms historiques, qu'y trouvez-vous ? Des inclinaisons d'antichambre. " Chateaubriand ennuyeux ? Toute révérence gardée, on croirait entendre Gabin proférer des paroles d'Audiard à la tribune de la Chambre dans Le Président ! Le prince de Bénévent a droit à sa charge, un plein chapitre de fiel lui est dédié : " Ces personnages de lendemain et d'industrie assistent au défilé des générations ; ils sont chargés de mettre le visa aux passe-ports, d'homologuer la sentence : M. de Talleyrand était de cette race inférieure ; il signait les événements, il ne les faisait pas. " Mille autres flèches mériteraient la citation, je ne résiste pas au plaisir de rappeler l'une des plus célèbres (dans sa version originale) : " Il y a des temps où l'on ne doit dépenser le mépris qu'avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux. " Personnalité à double fond, hauteur de vue intellectuelle et morale, celle-ci exprimant " la noblesse de [son] âme et l'élévation de [ses] sentiments ", virtuosité de la langue, infinie variété de ses registres de plume - de la plus romantique à la plus analytique, de l'emphase à la drôlerie, de l'enflure à la vulnérabilité -, effets de style d'une palette inépuisable, capacité à forger des sentences d'airain... Pour toutes ces raisons, Mémoires d'outre-tombe est une source, un jaillissement, une apothéose... qui porte le lecteur sur les fonds baptismaux de la littérature moderne. Elles l'enchantent d'un chef-d'œuvre dont toutes les pages sont des chefs-d'œuvre. Ah Chateaubriand qui malgré les préjugés de votre naissance, avez fait de la liberté votre credo, votre génie nous parle, et pas seulement du christianisme !
Portrait de Anonyme
Anonyme
5/5
23 Décembre 2021
Publié sur
Impressionné devant le tombeau comme un enfant de chœur devant les mystères du latin, trompé par son titre même, je croyais m'enfoncer dans quelque catacombe où résonnerait la voix sépulcrale d'une langue romaine. Quelle divine surprise ! Quel bonheur intellectuel ! de découvrir un récit accessible, vivant, chaud, humain, tour à tour grave ou léger, sentencieux ou malicieux, mélancolique ou espiègle... En un mot : frémissant. Frémissement d'une vie exceptionnelle d'action, de réflexion et de création. Frémissement d'une immense culture, des meilleures références antiques aux écrivains et philosophes les plus contemporains, maîtres ou adversaires : " L'empire voltairien poussa un cri et courût aux armes. " Frémissement d'événements au cœur de la grande histoire et de la glorieuse Europe, vécus comme acteur, témoin privilégié ou récepteur branché à la meilleure source. Frémissement ressenti au diapason de notre histoire immédiate si l'on veut bien accepter que de son époque à la nôtre, si les objets sont bouleversés, la pensée et les sentiments des hommes demeurent ; notamment en politique où une nouvelle aristocratie d'écoles et de finances se substitue à l'ancienne, de naissance et de terres (même arrogance, même distance au peuple, même tendance à l'émigration...). Chateaubriand a vécu la grande mutation politique et sociale, de l'Ancien Régime à la démocratie, vers la République ; nous vivons, nous, une grande mutation politique et économique qui mine la vieille Europe, hier dominante dans sa diversité inouïe, aujourd'hui faible par son incapacité à l'union. Frémissement de la ville abouché au frémissement d'une personnalité double. Côté face, le monstre d'orgueil, l'écrivain sûr de son génie, le politique certain du triomphe de ses idées : " M. de Chateaubriand qui pourrait voir si loin, murmurait Louis XVIII, s'il ne se mettait pas toujours devant lui. " Côté pile, la fragilité de l'artiste romantique, sensible au chant d'une grive, au ploiement des hautes herbes sous le vent de la plaine, au souvenir nostalgique d'une enfance bretonne entre terre et mer, à la perspective immuable de la vieillesse et de la mort. Cette dualité crée de bouleversantes ruptures de ton : " Je ne travaille pas, je ne puis rien faire : je m'ennuie ; c'est ma nature et je suis comme un poisson dans l'eau : si pourtant l'eau était un peu moins profonde, je m'y plairais peut-être mieux " écrit-il de Genève à Madame Récamier après avoir rompu avec la vie politique sous la monarchie de Juillet (qu'il appelle l'usurpation de Juillet). Plus loin : " Revenu dans ma solitude, rue d'Enfer, je m'étais couché plein de ces mélancoliques pensées qui naissent de l'association de la jeunesse, de la beauté et de la tombe. " Les outrages de l'âge associés à la chute irrémédiable de la légitimité monarchique multi-séculaire accentuent la mélancolie du propos. " Je me suis rencontré entre deux siècles, comme au confluent de deux fleuves. " Chateaubriand est à la cheville de deux siècles, de deux systèmes politiques, de deux écoles littéraires : " J'ai devancé de trente années ceux qui se disent les proclamateurs d'un monde inconnu. Mes actes ont été de l'ancienne cité, mes pensées de la nouvelle ; les premiers de mon devoir, les dernières de ma nature. " La Révolution est le signe historique du partage, la ligne de crête qui divise le temps, les mœurs, les langages en un avant et un après antagonistes que l'intelligence (supérieure) de l'écrivain, de l'historien et de l'homme politique se voue à réconcilier. Les Mémoires sont de ces œuvres qui grimpant haut à l'échelle de l'esprit, permettent de raisonner sur le temps long et l'espace large, en surplomb de la myopie ordinaire : " Ce qui fait notre illusion, c'est que nous mesurons les desseins éternels sur l'échelle de notre courte vie. " Ainsi, cette formidable synthèse historique : " Les Francs exercèrent collectivement la souveraineté, ensuite ils la déléguèrent à quelques chefs ; puis ces chefs la confièrent à un seul ; puis ce chef unique l'usurpa au profit de sa famille. Maintenant on rétrograde de la royauté héréditaire à la royauté élective, de la monarchie élective on glissera dans la république. Telle est l'histoire de la société ; voilà par quels degrés le gouvernement sort du peuple et y rentre. " ... voir suite du commentaire...