Dans son premier roman Amélie nous avait fait une démonstration magistrale de son talent dangereux de dialoguiste. Rien d'étonnant alors à ce qu'elle s'empare du théâtre avec cette pièce " Les combustibles ".
Les combustibles ce sont des livres. Il faut aimer les livres plus que tout pour comprendre le tragique de cette pièce. Voilà des personnages, trois en l'occurrence, un professeur plutôt antipathique, un jeune étudiant idéaliste et l'amie de ce dernier, qui se retrouvent confrontés à une situation dramatique. Dehors c'est la guerre. Les bombes, les snipers. Dedans, c'est l'appartement du professeur, espace clos voué aux livres mais où règne un froid insupportable. Les livres, objets respectés, glorifiés il y a peu, deviennent soudainement objet d'une convoitise bassement matérielle. Par eux peut venir la chaleur, la chaleur qui réchauffe le corps mais aussi revigore l'esprit obnubilé par la souffrance physique qu'inflige le froid. Mais chaque livre brûlé sera une perte inestimable.
Tout est dit. Comme dans toutes les guerres, les hommes sont confrontés à des choix, toujours dramatisés par les circonstances et se révèlent alors vraiment dans toute leur lâcheté, leur héroïsme ou leur bêtise.
Comme elle l'a déjà montré dans ses deux précédents romans, " Hygiène de l'assassin " et " Le sabotage amoureux " Amélie manie le cynisme avec délectation. On sent qu'elle adopte aisément le point de vue de chacun des personnages pour mieux nous renvoyer à notre propre jugement. Que ferions-nous dans une telle situation ?