Je ne connaissais rien au base-ball avant d'ouvrir "L'art du jeu" et, à mon avis, je ne suis pas la seule. Car qui peut bien s'intéresser à ce sport, sérieux?
On a bien vu, dans un ou deux films américains, un jeune homme frapper la balle de sa batte, un autre courir on ne sait où, un troisième lever, bouche bée, des yeux écarquillés au ciel...on sentait qu'il allait se passer un truc de fou et que le moment était decisif mais, au fond, on n'y comprenait nib, pas vrai?
Même si quelques passages importants du premier roman de Chad Harbach se déroulent sur le terrain, je peux affirmer sans mentir que le sport pratiqué par Henry, toutefois bien plus cérébral que je ne l'imaginais, demeure encore pour moi un mystère...
C'est dire à quel point l'enjeu de ce pavé de 600 pages est ailleurs...et heureusement!
( j'ai eu la mauvaise idée de le lire en anglais -ouais, je suis bilingue- passant à côté de quelques subtilités de vocabulaire, surtout du jargon sportif qui m'aurait probablement aidée à mieux ressentir la tension lors de certains matchs. Autrement dit, si tu read l'english aussi mal que moi, achète-toi un dico).
"The art of fielding", le titre original, signifie, si j'ai bien compris -mais rien n'est moins sûr- "l'art de parer à toute éventualité sur un terrain" (et, de façon allégorique, "l'art de parer à toute éventualité dans la vie"). Hum.
Henry, Mike, Pella, et le président Affenlight vont tous les quatre connaître une période de grande indécision qu'ils vont devoir gérer au mieux, tels des joueurs de base-ball surpris par une balle venue de nulle part. Ils finiront ainsi, se remettant en question cent fois, par mieux se connaître eux-mêmes.
Henry, après avoir commis son premier impair, perdra toute confiance en lui et, rongé par le doute, jouera incompréhensiblement de plus en plus mal.
Pella, la fille du président Affenlight revenue au bercail afin de trouver un sens à sa vie, tombera dans les bras de Mike et ,celui-ci, jaloux de son ami Henry mais surtout accro aux antidouleurs, devra renoncer à un brillant avenir.
Quant au président de l'université, il découvrira son penchant pour les hommes -ou en tout cas pour UN homme-...Owen Dunne, mon chouchou . Voyez, je lui consacre même un paragraphe:
Qu'il est réconfortant de rencontrer un personnage gay bien plus équilibré que ses amis hétéros, qui sait ce qu'il veut et qui obtient ce qu'il veut! Non seulement Owen est accepté au sein des Harpooners, l'équipe de base-ball de Wetish College, mais il n'est pas raillé par ses camarades. Il n'est pas une victime et, cerise sur le gâteau, il sait QUI il est (contrairement à Mike ou à Pella). Par les temps qui courent, le couple qu'il forme avec Guert -un homme mûr de surcroît!- est vraiment rafraîchissant. C'est une des belles réussites de Chad Harbach qui fait toute l'originalité de son roman formellement assez classique. Je ne crois pas, dans ma courte vie de lectrice, avoir jamais croisé un homo (on dit "tatave", dans ma banlieue ♥) aussi épanoui, je remercie l'auteur pour ce beau portrait.
Voici un roman bien mené, divertissant, touchant, sans être addictif pour autant. On n'y tombe jamais dans le sentimentalisme, certains passages ayant, au contraire, un fort accent de vérité.
Est-ce que, lisant ce livre, j'ai passé un bon moment? OUI.
Est-ce que je me languissais de retrouver les personnages comme on se languit de retrouver un bon amant ou, pourquoi pas -puisque nous parlons d'un roman très gay friendly- une bonne maîtresse? Non.
Est-ce que Chad Harbach est un écrivain prometteur? Of course, my dear (eh ouais, je suis bilingue).
"L'art du jeu" : pourquoi connais-toi toi-même.
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