Dans ce roman, Tatiana de Rosnay explore avec lucidité l'univers noir de l'obsession, ses vertiges et ses abîmes.
Pascaline vient de divorcer. Elle doit donc se trouver un appartement. Son choix se porte sur un endroit calme qu'elle trouve mignon. Elle sent qu'elle pourra tout recommencer ici. Cependant, après son emménagement, elle est prise de vertiges et de nausées chaque fois qu'elle est chez elle. C'est alors qu'elle apprend qu'un meurtre a été commis dans cet appartement.
Le livre est très court, et ne traîne pas. Le lecteur suit l'histoire avec intérêt. Les découvertes que fait Pascaline l'entraînent, le captivent, et le tiennent en haleine. Elles montrent plusieurs aspects des choses: des pans de passé effrayants. J'ai partagé le désarroi des familles lorsque Pascaline a étalé les horreurs qu'elles ont connues. L'auteur évoque cela avec sensibilité, finesse, et de manière poignante.
Tout ceci est croisé avec l'histoire de Pascaline. L'auteur part de son histoire, et l'entremêle à ses découvertes. Je me suis demandé si je croyais à cette extrême sensibilité qu'auraient certaines personnes, sensibilité qui leur ferait ressentir le malaise de crimes commis dans certains lieux. Je pense que cela doit être possible, même si c'est un peu étrange, et même si on ne peut s'empêcher de voir le côté handicapant de la chose...
Tout cela est intéressant, mais c'est gâché par l'héroïne. J'ai passé les trois quarts du livre à la maudire ! Mais de quoi elle se mêle! Elle ne peut pas vivre sa vie, ne peut pas régler ses problèmes, alors, elle va jouer les voyeuses. Si ce qu'elle découvre émeut le lecteur, sa façon d'agir est assez détestable. On dirait qu'elle prend un plaisir pervers à remuer tout ça. Et en plus, elle vit par procuration, et tourne le dos à ceux qui souhaitent l'aider. Soit, son amie, Élisabeth, est un peu maladroite, mais il est vrai que Pascaline a besoin d'aide. le lecteur la voit lentement s'enfoncer dans le marasme, dans une spirale, dans le gouffre.
Je ne dirai rien sur la fin, mais elle n'a pas contribué à me faire apprécier l'héroïne.
On me dira qu'elle a un lourd fardeau à porter, qu'elle se débat avec de rudes coups que lui a joué le destin. C'est vrai. Je peux paraître injuste, mais je n'aime pas les gens qui ne tentent pas de s'en sortir. Bon, ici, Pascaline a atteint un stade où elle n'est peut-être pas consciente qu'elle a besoin d'aide... il n'en reste pas moins que son personnage m'a été antipathique.