Le roman s'ouvre sur l'histoire de deux frères, "un frère à l'amour morcelé, un frère à l'amour unique" et se poursuit par la rencontre du frère à l'amour morcelé, l'aîné et narrateur, avec celle qu'il nomme la femme-soleil, le soleil qui illumina sa vie quatre années durant avant de s'éteindre en laissant dans les yeux et dans le coeur de l'homme qui l'a aimée et l'aime encore une empreinte éternelle.
Présentée comme un conte, dont le narrateur Gabriel ressemble fort à Erik Orsenna, cette histoire évoque avec délicatesse et pudeur le manque et la nostalgie d'un amour disparu.
L'écriture, toute en nuances et en ellipses, le ton doux et subtil, balançant entre tendresse et gravité, sourire et émotion retenue, imprègne le récit d'un charme mélancolique qui rappelle celui de cette chanson de la Renaissance, "Mille regretz", "mélopée de l'amour enfui", à laquelle Charles Quint, le roi en perpétuel déplacement, sorte de double historique du narrateur, s'attacha, dit-on, plus qu'à aucune autre.
Un roman sur les souvenirs, ces "demi-mots", dont Orsenna donne une jolie définition : "les souvenirs sont des fantômes qui ont rendu les armes."
Une délicieuse petite mélodie, légère comme la femme-soleil et harmonieuse comme la musique, la chanson, la poésie, omniprésentes et essentielles dans ce récit sensible et enchanteur.
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La Chanson de Charles Quint
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