Il y a longtemps que je t'aime

A sa sortie de prison, Juliette s'installe chez sa soeur Léa qu'elle n'a pas vue depuis 15 ans. Mais comment passer de la taule à une petite famille lisse et tranquille de Nancy ? Philippe Claudel s'interroge sur ce que peut réellement signifier la fin de peine, dans tous les sens du terme. Quitter la cellule de la prison pour entrer dans celle de la famille. Passer de l'isolement, de ce qui sépare, au lien qui unit, qui rattache à l'autre. Se défaire du silence pour libérer la parole. Passer de l'absente à celle qui est là, hors des murs mais toujours prisonnière à l'intérieur. L'auteur fait une peinture impressionniste de la lente redécouverte mutuelle des deux soeurs séparées par la mort, la vie, la prison. Jusqu'au bout subsiste ce secret pesant et terrible qui risque de tout détruire, de briser le fragile équilibre en construction. On assiste à la genèse du réapprentissage de l'amour, de la confiance, du bonheur. Une métamorphose qui aboutit au dévoilement du secret, éclairant ainsi enfin la femme maudite que la société avait condamnée. La musique, la petite mélodie d'une comptine, les livres, les peintures, la sculpture d'un ange, sont comme des personnages en filigrane, qui participent à la délivrance d'une douleur insupportable. Un livre empli de bienveillance, de petites progressions, et d'espérance... Dans un deuxième temps, Philippe Claudel nous ouvre les portes de sa "fabrique de création" et nous explique avec le style délicat de l'écrivain les choix qu'il a opérés pour réaliser son film, bouleversant et magnifique.