“J’en croise, dans le quartier, plus bourgeoises que les bourgeoises-nées. Elles avancent avec l’arrogance de celles qui méritent d’être là, parmi les privilégiées. Elles n’ont aucune pitié pour ceux qui n’ont pas su s’en sortir, moi non plus d’ailleurs. Cette place nous l’avons gagnée à la sueur de notre front et aux larmes de notre cul.”
Ancienne fille de Madame Claude, Zita Chalitzine décède célèbre en tant qu’écrivain, statut que les vautours tentent de lui arracher plaidant pour le plagiat d’un des ces anciens amants, Romain Kiev, Pierre, son dernier amour et Ondine, sa fille se rencontrent et découvrent un manuscrit, En mémoire de moi.
Le ton change, le talent d’Adélaïde Clermont-Tonnerre éclate à grand coup de plume, à petites touches ciselées, découvrant esprit, plume, travail, un premier roman nous apportant de l’air frais et peut-être une nouvelle égérie du monde littéraire boutant la mode du réalisme hors les linéaires.
Magnifié par le style, hymne à la liberté d’être, de choisir et de vivre face aux pouvoirs, aux angoisses humaines, à la petitesse, aux tares de la bourgeoisie de l’argent, aux faiblesses des hommes, une vie commencée par les livres car “la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés (mot attribué à Descartes)”.
Fruit mur, ce roman parfaitement abouti, dégusté avec passion, fut l’un de mes meilleurs moments de lecture de 2010. Est-ce que Adélaïde de Clermont-Tonnerre a tout donné ? Saura-t-elle nous enchanter sur un autre sujet ou à partir d’un autre angle ?
“Le seul moyen de connaître l’amour inconditionnel sur cette terre, ce n’est pas de l’attendre, c’est de le donner.” Par amour de ses lecteurs et d’elle-même, j’attends son deuxième roman sans impatience d’ici à deux ou trois ans. Le vrai temps de l’écriture.