Après avoir entendu des avis complètement différents les uns des autres à propos de ce livre, je me suis dit qu'il fallait que j'en ai un. j'ai donc lu la trilogie d'un bloc.
En la refermant j'étais à la fois d'accord avec ceux qui le critique mais aussi avec ceux qui en font l'éloge. Expérience littéraire étrange.
D'abord parce que ce roman est extrêmement mal écrit. Je n'ai jamais rien lu de pareil depuis... Non, en fait, je n'ai jamais rien lu de pareil...Ou était l'éditeur ? Peut-être ne l'a t-il lu que d'une main ?
Les redondances sont telles qu'au bout d'une centaine de pages, j'ai été capable d'anticiper mot pour mot ce que l'auteure allait écrire à la page suivante. Les scènes de sexe, notamment, sont décrites avec les mêmes expressions (ex: "...une fois de plus j'explose en mille morceau", ou bien "le corps convulsé, éclaté en mille morceaux..." ou encore "...d'autant que ce qui me restait de présence d'esprit s'est fracassé en mille morceaux dans l'ascenseur..."). J'ai bien conscience que l'orgasme féminin peut s'avérer compliqué à décrire mais quand même ; cette sombre histoire de "morceaux" est assez réductrice. Ce que l'on attendait, à mon sens, d'un roman tel que celui-ci était d'éventuellement se pencher sur la question de l'orgasme qui je le rappelle est l'un des thèmes majeurs de ce type de Littérature.
De même, on peut aussi constater des erreurs en terme de points de vue. Anastasia qui est le narrateur de son histoire n'aurait dû avoir qu'un point de vu subjectif. Or à certain moment, on la surprend à adopter un point de vue tel un narrateur omniscient ; c'est insupportable.
Ensuite, il y a les personnages, pleins de promesses dans leurs définitions en début de roman, ils s'étiolent peu à peu au fil des pages et des tomes.
A la fin du troisième volet, ils ne sont plus que de pâles caricatures.
La Anastasia Steel, étudiante intelligente mais naïve de 21 ans du début de l'histoire, devient au fur et à mesure l'héroïne de roman la plus énervante qu'il soit, manquant de consistance et surtout de psychologie.
De son côté, Christian Grey dont la psychologie aurait pu être intéressante à développer, car le postulat de départ était plutôt bon, sombre dans les clichés de la psychalyse de bas étage.
Après, il y a aussi des points positifs. L'histoire est bonne. On est pris par elle et l'on veut quand même savoir comment elle va se terminer.
E.L. James démarre avec les mêmes codes que les contes de fée de la littérature enfantine et les brisent totalement.
La princesse rencontre le prince charmant qui s'avère être SM et qui révèle la cochonne qui sommeille en elle. C'est un conte de fée, une histoire d'amour avec une petite pointe de sexe.
Mais globalement, le livre n'est pas à mon sens assez bien développé au autant dans l'écriture que dans l'évolution des personnages; il n'est littérairement pas abouti. J'ai donc eu une petite sensation de gâchis en terminant la trilogie.
Avec des rapports entre les différents personnages complexifiés et meilleure qualité d'écriture, ce livre aurait pu être un Grand livre.
Maintenant le salut pourrait venir de l'adaptation cinématographique par Sam Taylor-Johnson qui a une vraie carte à jouer d'un point de vu esthétique. En effet, une fois n'est pas coutume, cette adaptation pourrait justement combler les lacunes de ce récit mal fagoté.
Car finalement Nuances de Grey n'est pas une belle ni une bonne oeuvre littéraire, on en est loin, mais un excellent scénario.