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18 Mai 2017

Emmanuelle Friedmann : "Je trouve l’idée du mensonge très romanesque"

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Emmanuelle Friedmann : "Je trouve l’idée du mensonge très romanesque"

De retour en librairie avec La faute des autres, paru aux éditions Calmann-Lévy, la journaliste Emmanuelle Friedmann aborde, dans son nouveau roman historique, la question complexe du secret de famille. Elle nous en dit un peu plus sur cette histoire émouvante qui se déroule dans la France d’entre-deux-guerres.

MyBOOX : Pouvez-vous nous présenter Charles et Anne Whol, les personnages principaux de votre histoire ?

 

Emmanuelle Friedmann : Charles est un jeune homme humaniste et généreux. Il vient de terminer des études de chirurgien lorsque la Grande Guerre éclate. Il n’hésitera pas à risquer sa vie, durant les quatre ans passés sur le front pour sauver la vie des soldats. Traumatisé par ce qu’il a vécu, ne supportant plus la vue du sang, il devient simple médecin, à Cabourg, mais continue à prendre soin de sa clientèle – qu’elle soit fortunée ou sans-le-sou. Anne, sa femme, est infirmière. Comme Charles, elle fait preuve d’un grand courage durant les années de guerre. Désespérée de ne pas pouvoir être mère, elle reprend espoir le jour où elle est amenée à sauver deux petits orphelins, Louis et Olivier, qu’elle décide immédiatement de garder.

 

Pourquoi avoir choisi le thème du mensonge et des secrets de famille ? Et le décor de Cabourg pendant cet entre-deux-guerres ?

 

Je trouve l’idée du mensonge très romanesque. Davantage encore au sein d’une famille. Je me suis toujours demandé comment faisaient les gens pour porter des secrets toute leur vie, mentant à leurs parents, à leurs enfants, à leurs voisins, à leurs amis ? Ont-ils tout le temps peur qu’on découvre leur secret ? Leurs efforts pour continuer à dissimuler la vérité ne serait-il pas ce qui conduit les gens qui les entourent à douter d’eux ? Dans La Faute des autres, je voulais montrer que même si l’on a le sentiment que, sur le moment, le mensonge est plus simple, cela se complique lorsque celui-ci dure sur des années et que la situation est susceptible de handicaper la vie des générations suivantes. Pour Cabourg, J’ai choisi que l’action s’y déroule parce que j’aime beaucoup cette ville. C’est une cité balnéaire agréable, à taille humaine où l’on peut marcher des heures en regardant la mer. J’y passe mes vacances depuis des années. Et enfin, j’ai choisi cette époque parce que je la trouve intéressante. Les Français sortent d’un conflit mondial terrible qui a duré quatre années ans, tout le monde panse ses blessures. Les gens ont envie de faire la fête, de s’étourdir, d’oublier, quitte à refuser de voir qu’un autre conflit encore plus terrible est en train de se préparer.

 

Comment ce livre s’inscrit-il dans votre œuvre et dans votre exploration de la France d’antan ?

 

La Faute des autres est mon quatrième roman historique. La différence est que, pour la première fois, je ne prends pas le point de vue des enfants, même s’ils sont très présents dans mon roman. Pour la première fois, aussi, il y a une intrigue policière en toile de fond. Je pense déjà au prochain, qui, sans ne rien dévoiler de l’histoire, se déroulera dans une période plus contemporaine.

 

Dialogues, descriptions, et même recettes de cuisine participent de la vivacité et du réalisme du récit : êtes-vous habituée à ce genre de style ?

 

J’aime beaucoup varier les styles même si je suis particulièrement fascinée par les romans historiques où l’on suit des dynasties des personnages, et où la psychologie des personnages est très appuyée. Je construis mes romans en observant les gens, en imaginant leurs familles, leurs influences, l’endroit où ils vivent. Ensuite, je suis très amatrice de cuisine, ce qui explique les recettes en fin de chaque livre. D’ailleurs, dans mes trois précédents livres, la cuisine était omniprésente. Le Rêveur des Halles se déroulait dans la cuisine du restaurant tendance du début du siècle, La Poule au Pot, juste à côté du marché des halles. La Dynastie des Chevallier évoquait l’une des premières chocolateries industrielles, et sa cité ouvrière. Enfin, L’Orphelinat évoquait les premières sardineries.

 

Faites-vous des recherches en amont de l’écriture de vos romans ? Pour celui-ci en particulier, comment avez-vous procédé ?

 

Oui, je fais énormément de recherches, sur la période et sur le thème que j’ai choisi. Je suis historienne de formation. Je relis les livres que j’ai dans la bibliothèque et que j’ai utilisés durant mes années universitaires sur la période que je souhaite traiter. Je regarde des films, je lis des romans, et je commence à avoir une idée de mes personnages, à les voir marcher, penser, parler, évoluer dans un décor. Alors, je sais que je tiens mon roman.

 

Quelles sont vos influences littéraires ?

 

Elles sont multiples et variées. J’ai toujours aimé les romans avec des personnages très forts. Adolescente, j’étais inconditionnelle des romans de Robert Merle, j’avais aussi été passionnée par Les Thibault de Roger Martin du Gard, aujourd’hui j’aime également les romans autobiographiques, plus contemporains, comme ceux de Delphine de Vigan, L’Histoire d’une vie, d’Aharon Appelfeld ou le MetaMaus d’Art Sipeglman.

 

Propos recueillis par Emeline Léon

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