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24 Août 2020

Clémentine Galey de Bliss Stories : "Toutes les Bliss-girls sont des guerrières"

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La créatrice de Bliss Stories, Clémentine Galey publie un livre adapté de ce podcast qui comptabilise désormais 80 épisodes et plus de 5 millions d'écoutes. Ce guide décomplexé de la grossesse et de l’accouchement mêle extraits des témoignages qu'elle a recueillis pendant deux ans et de nombreuses informations sur toutes les étapes avant, pendant et après la grossesse. Clémentine nous présente ce livre qu’elle a voulu comme un lieu de parole libérée pour les femmes et venant combler une trop grande désinformation sur le sujet. 

Hachette.fr : Bonjour Clémentine. On va se la faire à la Bliss… Peux-tu nous donner ton nom, ton prénom, ton âge et nous dire de qui se compose ta famille ? 

Clémentine Galey : Je suis Clémentine Galey, j’ai 41 ans, je suis podcasteuse et j’habite Paris depuis toujours. Ma famille est composée de mon conjoint, Julien, qui partage ma vie depuis 15 ans maintenant – c’est fou, on est un vieux couple – et de nos deux enfants Pablo, 8 ans et Thelma 6 ans. 
 

Que faisais-tu avant la création de Bliss-Stories ? 

Je travaillais dans le milieu de l’audiovisuel. J’ai été assistante à la mise en scène sur des tournages. Puis j’ai bifurqué en production télé, un métier plus posé qui me correspondait plus à l’époque. Je suis partie à New York un an où j’ai commencé à mettre en place mes propres projets tout en étant serveuse dans un restaurant le soir pour payer mon loyer. En revenant à Paris, j’ai animé une émission sur la chaîne Voyage. Un jour, on m’a proposé de faire du casting en télé, un métier sur mesure pour moi qui adore le contact humain et les projets collectifs. Je castais des candidats pour des émissions de téléréalité comme Top Chef. J’avais une grande liberté et je me suis bien amusée. J’ai lancé Bliss-Stories il y a deux ans et j’ai quitté TF1 l’été dernier pour m’y consacrer à temps plein. 
 

Comment est né Bliss-Stories et comment as-tu choisi ce nom ?

Le projet a germé dans mon esprit en discutant avec mes soeurs, des amies, des collègues. J’ai constaté qu’il y avait une vraie urgence à libérer la parole des femmes sur le sujet de la grossesse et de l’accouchement. J'ai monté le projet en parallèle de mon boulot, quand j’avais du temps, quand mes enfants étaient couchés. J’étais tellement convaincue que je n’ai pas compté mes heures, j'ai foncé. 

J’ai cherché le nom comme on cherche le prénom d’un enfant. Il fallait un mot dont je ne me lasse pas, que j’aime prononcer, que tu te mets bien en bouche. Bliss, c’est la béatitude, cet instant de grâce qui arrive quand tu mets au monde un enfant. Il fallait un terme pour exprimer ce moment suspendu. C’est un mot anglais certes, mais c’était celui qui convenait le mieux à ce que je voulais transmettre comme émotion. Et "stories", parce que ce sont des tranches de vie et des trajectoires de femmes. C'est comme un prénom composé (rires).


Ta propre expérience de la maternité t'a-t-elle inspirée ?

Je fais partie de ces femmes qui sont arrivées dans une salle d’accouchement sans savoir du tout ce qui allait se passer. Pourtant, ma mère dont je suis très proche, a eu quatre enfants dont des jumelles… mais elle avait juste omis l’essentiel. J’étais moi aussi dans une grande ignorance quant à ma propre maternité. 

On parle beaucoup aujourd’hui de cette désinformation autour de la grossesse et du postpartum, on a vu l’émergence récemment du #monpostpartum sur Instagram. Tu as tout de suite ressenti que les témoignages recueillis étaient exemplaires et pouvaient combler ce manque-là ? 

Je me suis très vite rendu compte du caractère d’utilité publique de Bliss-Stories. Juste après le lancement du podcast, un bouche-à-oreille incroyable s’est mis en place sur Instagram. Les femmes se transmettaient les épisodes comme une bonne adresse ou un bon plan. J’ai reçu énormément de messages de remerciements pour avoir ouvert cet endroit de parole. Enfin on allait pouvoir écouter les récits vrais de vraies femmes sur leur grossesse, leur accouchement, leur dépression du post-partum, leur descente d’organes, leur galère de PMA, de fausse-couche, d’avortement, de prématurité, de deuil périnatal…


Tu parles d'une communauté Bliss-Stories et même d’une "armée de Bliss-girls"... Tu y mets un élan résolument féministe et contemporain ? 

Ma conscience féministe s’est affutée en recueillant tous ces témoignages. Je parle d'une armée car pour moi ces femmes sont des guerrières. Dans chaque histoire de femme il y a un combat personnel mais aussi collectif. J’ai ressenti en enregistrant toutes ces femmes qu’elles étaient toutes reliées entre elles et aux auditrices par un fil invisible. 

Pourquoi adapter le podcast en livre ? 

Le but du livre c’est de compléter le podcast. Il est articulé en trois grandes parties : Avant, pendant et après, l’objectif étant de couvrir un maximum d'étapes qu’une femme va rencontrer quand elle décide de faire un enfant, depuis la prise de décision jusqu’au post-partum. Je ne suis pas psy, je ne suis pas médecin, je ne suis pas écrivain. Je ne voulais pas m’inventer une expertise. J'ai conservé ce ton très accessible et proche des femmes. Ce livre est un mélange entre un guide et un recueil de témoignages et doit donner aux femmes toutes les clés possibles pour chaque expérience. Il y a autant d’expériences que de femmes : je pourrais interviewer dix femmes sur la césarienne que j’aurais dix histoires différentes. 
 

Tu abordes beaucoup de thématiques dans l’air du temps et qui brisent certains tabous (PMA, nouveaux modèles familiaux, post-partum, endométriose…) Comment ces axes se sont-ils imposés ? 

C’était indispensable. On ne peut plus écrire un livre sur la grossesse sans les considérer. J’ai essayé d’être la plus exhaustive possible sur la PMA, la GPA, les naissances multiples, l’endométriose, les naissances d’enfants porteurs de trisomie 21… Ces scénarios existent et il faut donner les clés aux femmes si jamais cela arrive. Si vous voulez avoir l’info, elle est là, vous en faites ce que vous voulez. Chaque chapitre peut aussi faire écho à la situation d’une copine à qui vous offrirez le livre.  


Tu abordes aussi la question de l’IVG et du non-désir d’enfant… 

Il y a deux à trois épisodes autour de ça si on compte le déni de grossesse. Il y a l’épisode avec Fiona Schmitt qui ne veut pas d’enfant et n’en aura jamais. Tant de femmes sont culpabilisées pour cette raison. Fiona est devenue une porte-parole de cette autre armée. L’avortement c’est quelque chose que traversent énormément de femmes à tous les âges de la vie. Ce sont des moments qui peuvent être traumatisants mais aussi très instructifs. J’ai la chance d’avoir ouvert un éventail très vaste d'expériences à l’autre bout duquel il y a la parentalité à plusieurs par exemple.

Pourquoi avoir choisi de mêler les histoires de personnalités et d’anonymes ? 

Ça a été un choix dès le départ, j’étais curieuse comme une groupie à l’idée d’interroger des "peoples" que je suivais sur Instagram comme Aurélie Saada des Brigitte, Agathe Lecaron que j’adore ou encore Lio. C’est ma curiosité personnelle qui m’y a poussée mais il n’était pas question de faire une galerie de people ou d’"insta mums". Je trouve ça chouette de traiter tout le monde à part égale et j’aime le fait qu’une personnalité côtoie une anonyme et que leurs récits se répondent ou s’entrelacent. 


 

Quel est le truc le plus dingue que tu aies appris en faisant Bliss ?

Peut-être la manière dont on peut puiser la force de se reconstruire après avoir perdu un enfant. Si ça m’arrivait un jour, j’aurai un peu plus des bagages pour identifier les abysses de tristesse que tu peux traverser. Côté technique, j'ai appris énormément sur la prééclampsie, les protocoles de PMA, de GPA... À chaque interview même dans les cas les plus "simples", j’apprends des choses. 
 

Est-ce que ça t’a fait bouger en tant que mère ? 

Ça m’a surtout confortée dans le fait que j’avais eu globalement de la chance même si j’ai manqué d’info. 
 

C’est donc un livre à mettre entre les mains de toutes les femmes mais aussi de tous les futurs papas ? 

J’ai beaucoup de retours de futurs papas qui me disent qu’ils apprennent énormément. Beaucoup de femmes écoutent Bliss en couple. Le livre a été fait pour être picoré, pour que l’information aille droit au but. C’est un outil en plus pour se sentir moins seul.es et déculpabiliser. C’est un livre qui est fait pour durer, qui se partage, se transmet et qui, je l’espère, fait du bien. 
 

Propos recueillis par Noémie Sudre

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