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04 Décembre 2017

Chiaki Okada : "Je voulais rendre la sensation du toucher dans mes dessins"

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Illustratrice de livres jeunesse très reconnue en France comme au Japon, Chiaki Odaka n'a pas eu une carrière des plus linéaires, et c'est sans doute pour cette raison que son trait est si caractéristique. Ayant abandonné le dessin pour élever ses enfants après des débuts compliqués, elle ne revint à l'illustration qu'une fois sa tâche de parent accomplie. Dessinant depuis avec pour but de communiquer la sensation du toucher, Chiaki Okada possède l'un des coups de crayon les plus doux de l'illustration contemporaine, justement récompensé lors d'une exposition à la foire du livre de Bologne en 2010. Nous l'avons rencontrée à l'occasion de sa venue au Salon du livre jeunesse de Montreuil, pour parler avec elle de son dernier livre Douce Lumière. Une œuvre profonde, où son trait si caractéristique fait une fois de plus mouche. Ses illustrations sont à découvrir dans ses livres aux éditions Nobi Nobi !, ainsi qu'à la bibliothèque Aimé Césaire, qui lui consacre une exposition jusqu'au 6 janvier.

Hachette.fr : Bonjour, pouvez-vous nous présenter votre nouveau livre, Douce lumière ?

Chiaki Okada : C’est un livre dont le personnage principal est une bougie, et où tout est vu de son point de vue. Au travers de celle-ci, ce sont deux histoires qui sont racontées : celle de cette bougie elle-même, et, en parallèle, celle d’une femme que l’on suit de son enfance au moment où elle devient une vieille dame. Cette histoire se construit comme un miroir avec celle de la bougie, et j’ai essayé de montrer, au travers de mes dessins, l’environnement et les situations dans lesquelles cette femme s’est trouvée à chaque moment de la vie. 


Hachette.fr : Comment avez-vous travaillé sur ce livre ?

Chiaki Okada : La première fois que l’on m’a proposé de faire les dessins pour ce livre, je travaillais sur d’autres projets. Du coup, j’ai laissé passer deux années avant de m’y atteler. Pendant ces deux années, j’ai pu vraiment lire cette histoire. Et plus je lisais, plus je sentais monter la pression, car c’est une histoire très difficile et très profonde. 

 

Hachette.fr : C’est un livre plus sombre et plus triste que vos précédents ?

Non, je ne pense pas. C’était la lumière que je voulais dessiner, alors forcément, pour la souligner, il fallait que je montre l’ombre, que je dessine des choses sombres. Mais ce n’est pas pour autant que l’histoire, elle, est plus sombre. Quoi que l’on suive ce personnage de son plus jeune âge à la fin de sa vie, son histoire n’est pas triste : c’est une vie qui a servi à quelqu’un.

 

Hachette.fr : Comment avez-vous commencé à dessiner ?

J’ai toujours aimé dessiner. J’ai commencé très tôt, et j’étais aussi forte pour le dessin que très peu douée pour le reste. Quand quelqu’un me faisait un compliment, c’était toujours pour ça, et jamais pour autre chose. Je voulais donc absolument travailler dans le milieu des dessins, mais malheureusement ça ne marchait pas vraiment comme travail. Ensuite, j’ai eu mes trois enfants, dont je me suis occupée, et je ne dessinais pas vraiment à côté de cela. C'est quand ils sont devenus grands que, tout à coup, j’ai eu envie de dessiner les enfants. Mes mains se souvenaient de la sensation de toucher lorsque je prenais mes enfants dans les bras, et je voulais rendre cette sensation en dessins. C’est comme ça que j’ai eu envie de devenir illustratrice de livres pour enfants. Le fait de faire des dessins pour des histoires, cela m’a permis de mieux dessiner. Et je pense que si mes dessins ne marchaient pas avant cela, si je n’arrivais pas à en faire mon travail, c’est parce que je n’avais pas vraiment d’histoire à raconter. Je pense que de rencontrer des histoires qui me plaisaient, en faisant des dessins sur la base de textes déjà écrits, m’a vraiment aidé. Mes débuts en tant qu’illustratrice sont très tardifs, et je suis très contente d’avoir rencontré les histoires qui m’ont permis de dessiner comme je le fais aujourd'hui.

 

Hachette.fr : En 2010, vous avez été exposée à la foire internationale du livre jeunesse de Bologne. Qu’est-ce que cela a représenté pour vous ?

Aujourd’hui, j’ai beaucoup de chance, parce que beaucoup d’éditeurs me contactent pour me demander des dessins. Mais, pendant longtemps, je souffrais que mon travail ne marche pas. Pendant que j’élevais mes enfants, je ne pouvais travailler. Mais cette expérience d’élever mes enfants était nécessaire pour que je puisse faire les dessins que je fais actuellement. Rétrospectivement, tout ce temps-là était nécessaire, mais c’est vrai que tout ce moment m’a paru très long. 

 

Hachette.fr : C’est de là qu’est né votre style tout en douceur, et très imaginatif ?

Absolument. Comme je disais, c’est vraiment la sensation du toucher, du moment où je prenais mes enfants dans mes bras, que je veux transmettre à travers mes dessins. Donc mes lignes, mes tracés, retranscrivent le souvenir de mes mains. À côté de cela, il y a le monde de l’imaginaire,  qui m’intéresse depuis que je suis toute petite. J’aime beaucoup dessiner des animaux ou des peluches qui marchent sur leur deux pattes. Ça et cette sensation de toucher,  ce sont vraiment mes deux inspirations principales. 

 

Hachette.fr : Avez-vous des illustrateurs japonais ou français qui vous inspirent ?

Au Japon, il y a beaucoup d’illustrateurs de grand talent, mais je ne pourrais pas en citer un en particulier qui  m’inspire plus que les autres. En France, je ne connais pas beaucoup de monde. Mais j’ai un grand livre de Lautrec, un artiste dont j’aime beaucoup les œuvres. Venir au salon de Montreuil est l’occasion de découvrir d’autres artistes. 

 

Les dessins de Chiaki Okada sont à découvrir à la bibliothèque Aimé Césaire, qui expose ses dessins jusqu'au 6 janvier 2018, ainsi qu'aux éditions Nobi Nobi !

 

Y. Cz.

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