Nous assisterons ainsi au retour de Philippe Claudel avec Compromis (Stock), un huis clos nerveux et ironique sur l’amitié. Après s’être illustré du côté de l’autofiction avec Eva ou Les Rameaux noirs mais aussi de l’exofiction avec Jayne Mansfield, 1967 ou encore California girls, Simon Liberati nous régale d’une grande fresque amoureuse et artistique avec Occident (Grasset). Réflexions sur l’amour que nous retrouverons aussi sous la plume de Yann Moix avec Rompre (Grasset) ou Cécile Pivot avec Battements de cœur (Calmann-Lévy). La famille, occupera encore bien des auteurs comme Laurence Tardieu avec Nous aurons été vivants (Stock), Patrick Poivre d’Arvor avec La Vengeance du loup (Grasset) ou l’écrivain voyageur Julien Blanc-Gras qui pose ses valises de jeune papa déboussolé dans le Paris post-attentats de 2015 avec Comme à la guerre (Stock). Caroline Caugant, inaugure sa carrière de romancière comme la nouvelle collection Arpège des éditions Stock avec Les heures solaires aux côtés du journaliste Théodore Bourdeau et ses Petits garçons. Autre journaliste du milieu télévisuel et autre nouvelle plume, Elisabeth Quin, l’animatrice de 28 minutes sur Arte, publie La Nuit se lève (Grasset), récit terrifiant et plein de sagesse de la découverte d’une maladie qui pourrait bien lui coûter la vue.
Au-delà de ces cercles, la littérature d’hiver nous transportera aussi dans d’autres contrées qu’elles soient temporelles ou géographiques. Après avoir plongé dans une Mer agitée, Christine Desrousseaux attendra la neige au cœur du Jura dans son nouveau roman chez Calmann-Lévy. La collection En lettres d’ancre chez Grasset nous offre deux beaux romans aux confins du monde, entre l’Irlande et l’Australie sous la plume de Mike McCormack ou encore entre Istanbul et Moscou chez Sasha Marianna Salzmann. C’est toute une cause qu’embrasse Niels Labuzan dans Ivoire (JC Lattès) où il nous emmène au Botswana traquer ceux qui braconnent les éléphants pour leurs défenses. Après avoir officié du côté du théâtre et de la télévision, David Zukerman publie un premier roman préoccupé de questions sociales et empreint de réalisme magique dans une petite ville côtière du Panama avec San Perdido (Calmann-Lévy).
Des préoccupations géopolitiques ou sociales qui seront aussi au cœur de plusieurs romans francophones ou étrangers puisqu'Olivier Benyahya interroge la façon dont les événements se transforment en récit autour de la problématique de la radicalisation dans Frontières (Fayard). Thierry Beinstingel imagine un trio romanesque lui permettant de questionner "ce que vivent d’autres gens et notamment les plus faibles" dans un écho très fort à l’actualité dans Il se pourrait qu'un jour je disparaisse sans trace (Fayard). De l’autre côté de la barrière sociale, Patrick Rambaud, après avoir singé les travers des "règnes" de Nicolas Sarkozy puis François Hollande, n’a pu s’empêcher de reprendre la plume pour croquer Emmanuel le Magnifique (Grasset). Découvrez aussi le "Houellebecq danois", Kaspar Colling Nielsen avec Les Outrages (Calmann-Lévy).
D’autres auteurs ramènent leur écriture au plus proche de préoccupations on ne plus actuelles, féminisme d'un côté, antispécisme de l'autre. "Si j’étais un homme…" se dit la narratrice du nouveau roman d’Ines Benaroya intitulé fort à propos Bon genre (Fayard). Oscar Coop-Phane réécrit le jugement fait à un animal et interroge par ce crible toute une histoire de notre rapport aux bêtes mais aussi des hommes entre eux avec Le Procès du cochon (Grasset).
Enfin, certains s’aventurent du côté de l’histoire, la grande, comme le lauréat du très prestigieux Man Booker Prize 2017, George Saunders, avec Lincoln au Bardo (Fayard). Jean Rouaud voit une grande partie de l’histoire de France défiler depuis son Kiosque (Grassset) tandis que le Flamand Jeroen Olyslaegers que l’on découvre avec Trouble (Stock), nous embarque à Anvers en 1940.
D’une contrée l’autre, c’est parfois la vie intérieure de l’écrivain qui constitue le voyage même de l’écriture. Ainsi se questionnent sur la somme d’écrire et de lire Bayon dans Ictus (Fayard) ou encore Michel Le Bris dans Pour l'amour des livres (Grasset). Formes désormais traditionnelles de chaque rentrée littéraire, l’autofiction et l’exofiction ne manqueront pas sur les tables des librairies comme François, roman de François Taillandier (Stock) d’un côté et La Prophétie de John Lennon (Stock) signé Louis-Henri de La Rochefoucauld de l’autre…
Pour finir, sachez que de nombreux romans ayant fait l’événement en librairie et dans les piles à lire des lecteurs en grand format seront disponibles au Livre de Poche : Frappe-toi le coeur d'Amélie Nothnomb, le texte de la phénoménal pièce d'Alexis Michalik, Edmond, Les Réveurs d'Isabelle Carré, Summer de Monica Sabolo, Mécaniques du chaos de Daniel Rondeau, La Fontaine, une école buissonnière d'Erik Orsenna, Mistral perdu ou les événements d'Isabelle Monnin, Bakhita de Véronique Olmi, La Femme qui ne vieillissait pas de Grégoire Delacourt, Call me by your name d'André Aciman récemment adapté au cinéma ou encore le prix Goncourt du premier roman 2018, Grand frère, signé Mahir Guven.
Bonne rentrée d’hiver à tous et bonnes lectures,
La rédaction