Antoine de Baecque et Noel Herpe en un clin d’œil :
Professeur d’histoire du cinéma à l'université de Nanterre, ancien des Cahiers du cinéma et de Libération, Antoine de Baecque est aussi le biographe de Truffaut et Godard. Noël Herpe est maître de conférences à Paris VIII. Lire la biographie d'Antoine de Baecque. Lire la biographie de Noël Herpe.
Pourquoi on aime "Eric Rohmer" :
Eric Rohmer. Il est peu de dire que le personnage restait mystérieux : Maurice Schérer, de son vrai nom, a toujours aimé brouiller les pistes, laisser filtrer quelques mensonges et s'enfermer dans une solitude médiatique dont il ne sortait que rarement, refusant d’être photographié et construisant des murs infranchissables entre sa vie familiale et sa vie de cinéaste. Ces secrets, qu'il aurait maintenus pour sa mère à qui il a caché jusqu’à sa mort, en 1970, qu’il était cinéaste, ont pu être en partie dissipés par l'accès des deux auteurs à 150 cartons d'archives de travail.
Qu'apprend-on donc dans ce gros livre ? L'inépuisable faculté d'étonnement du cinéaste, combien il aimait employer des jeunes filles débutantes y compris à la technique, l'économie grâce à laquelle il put tourner comme il le voulait, refusant tout argent pour lui et réinvestissant tout de suite chaque sou gagné dans le film suivant. On y rencontre bien-sûr ses actrices, qu'il choisit parfois dans un café, fit improviser sur de simples trames, entoura à chaque fois d’une relation exclusive où elle se sentait l'élue malgré une chasteté sans ambiguité. On approche aussi bien la vérité de l'homme que l'atelier des films.
Ceux qui voudront ensuite mieux connaître l'artiste pourront se plonger aussi dans la lecture de Friponnes de porcelaine, un recueil de nouvelles écrites dans les années quarante, et qui, déjà, dessinent un univers.
La page à corner :
"On le voit, Rohmer ne s'interdit pas de petites infidélités à la vérité, si c'est le prix qu'il lui faut payer pour cerner la réalité. Ce qui compte, c'est que cette réalité (jusque dans les artifices qui la composent) devienne celle de son personnage principal, et non plus la sienne". (p. 401)
Hubert Prolongeau