Yaa Gyasi en un clin d’œil
Yaa Gyasi est née à Mampong, au Ghana. Elle a émigré aux Etats-unis avec sa famille à l'âge de deux ans. Elle publie à 27 ans son tout premier roman intitulé No home (Calmann-Lévy) - un début très remarqué dans le monde dl'édition car elle a été notamment distinguée par la National Book Foundation en septembre dernier comme l’une des auteurs les plus remarquables de l’année 2016 aux Etats-Unis.
Pourquoi on aime No home
La surprise, c’est le premier sentiment que l’on ressent lorsqu’on commence à lire No home. On a vraiment du mal à croire qu’il s’agit du tout premier roman d’Yaa Gyasi. Le texte est fabuleusement bien structuré, documenté et émouvant. Les paragraphes, si fluides, défilent à toute vitesse sous nos yeux. Plus on avance dans le récit et plus on a hâte de découvrir cette fresque familiale et historique qui s’étire sur près de trois siècles. D’un chapitre à l’autre, on alterne entre l’Afrique et les Etats-Unis et les deux branches de la famille d’Effia et Esi, deux demi-sœurs qui ne se rencontreront jamais. Les destins de cette famille s’entremêlent sans jamais se croiser. On se retrouve au milieu d’une guerre de tribus entre les Ashanti et les Fantis mais aussi en pleine colonisation de l’Afrique par l’Europe. L’auteure parvient à nous faire découvrir l’esclavage d’un nouvel œil car - elle met un point d’honneur à nous le rappeler - certains Africains ont aussi activement participé au commerce triangulaire.
Mais ce qui fait vraiment la particularité de ce roman, c’est la multitude de visages et de personnalités. On oscille au fil du roman entre la tristesse, la compassion, le dégoût ou bien l’admiration qu’on porte à ces personnages au courage sans bornes. Avec No home, Yaa Gyasi nous livre un récit universel et instructif entre réalité et fiction.
La page à corner
"Esi ne sut pas ce qu’elle allait devenir. Dehors, les gens criaient et couraient. Les enfants pleuraient.
Maame saisit la main d’Esi et y glissa quelque chose. C’était une pierre noire, irisée d’or. Lisse, comme si elle avait été soigneusement polie pendant des années.
« Je l’ai gardée pour toi, dit Maame. Je voulais te la donner le jour de ton mariage. J’ai … j’en ai laissé une pareille pour ta sœur. Je l’ai laissé à Baaba après voir mis le feu.
- Ma sœur ? » demande Esi. Ce qu’avait dit Abronoma était donc vrai.
Maame marmonnait des paroles qui n’avaient aucun sens, des paroles qu’elle n’avait jamais prononcées auparavant. Sœur, Baaba, feu. Sœur, Baaba, feu. Esi voulu poser d’autres questions, mais le vacarme au dehors augmentait, et le regard de sa mère devenait vague, comme déserté.
Page 70-71.
No home dans la presse
"Il est impossible de ne pas être en admiration devant l’ambition et la portée de No home." The New York Times
"Cette fresque familiale et historique d'une formidable ampleur retrace, à travers les décennies et de part et d'autre de l'Atlantique, le destin d'une quinzaine de personnages de la même lignée." Madeleine Launay, Vanity Fair
"Encensée par la critique outre-Atlantique, présentée par le magazine Vogue comme un écrivain qui renouvelle le grand roman américain, Yaa Gyasi fait preuve d’un talent de conteuse et d’une ambition indéniable dans cette saga entêtante." Le Monde.fr
Emeline Léon