Boris Razon en un clin d’œil :
Né en 1975, Boris Razon est journaliste. Après avoir été rédacteur en chef du Monde.fr, il travaille aujourd’hui chez France Télévisions. Palladium est son premier roman. Lire la biographie de Boris Razon.
Pourquoi on aime "Palladium" :
Mai 2005. Boris Razon, trente ans, est rédacteur en chef du Monde.fr. Un poste plus qu’honorable doublé d’une vie amoureuse qui semble elle aussi au beau fixe : avec Caroline, ils essaient de faire un enfant. Mais voilà que Boris l’hypocondriaque commence à avoir des fourmis dans les doigts, mal au dos, des problèmes de vue. Il en parle à ses proches, aux médecins, qui n’y voient rien d’alarmant. Ils ne savent pas – comment pourraient-ils deviner – que dans soixante-quatre jours il sera entièrement paralysé, allongé sur un lit d’hôpital, attendant bien sagement que ses muscles daignent le ramener à la vie.
Pendant deux mois, Boris Razon va rester comme ça, relié à mille machines assourdissantes, "un poulpe endormi" comme il dit. Et puis il faudra encore attendre un an avant de pouvoir sortir de l’hôpital. Les médecins parlent d’un syndrome de Guillain-Barré atypique, une maladie auto-immune, rare bien-sûr. C’est cette expérience de la mort qu’il nous raconte dans Palladium.
Un pari audacieux qui aurait pu rapidement virer au témoignage nombriliste et misérabiliste, mais qui s’en préserve avec talent. Et pour cause : s’il est bel et bien là, le récit de la maladie laisse rapidement la place à une folle épopée onirique. Enfermé dans son corps, plongé dans le noir mais conscient, notre narrateur se laisse en effet peu à peu embarquer par son imagination. On découvre alors avec lui un monde hallucinatoire peuplé de putes japonaises, de chiens maquillés, d’infirmières à tête d’elfe, de zombies et d’hommes-limaces. Boris Razon cite Lewis Carroll en exergue et ce n’est pas par hasard. Comme Alice au pays des merveilles, Palladium est un roman sombre, troublant, parfois effrayant. L’histoire d’un voyage initiatique dans un monde de chimères. Mais surtout, l’histoire d’un homme à jamais transformé.
La page à corner :
De plus en plus inquiet quant aux symptômes dont il est victime, Boris Razon se rend aux urgences de la Pitié-Salpêtrière. Là, il est accueilli un jeune médecin qui lui dit de rentrer chez lui car ils ont lancé le plan canicule et qu’il y a beaucoup trop de malades qui arrivent à l’hôpital. Dans la nouvelle prison qui est la sienne, il repense à cette consultation : "Regarde-moi, connard, regarde-moi bien pendant que je vis encore et dis-moi que je n’ai rien. Regarde-moi et apprends que, dans trois jours, je serai tout entier paralysé, incapable de communiquer avec qui que ce soit. Regarde-moi bien et dis-moi encore que je n’ai rien." (p. 58)
"Palladium" critiqué dans la presse :
"L'une des grandes qualités de Palladium tient dans sa manière d'agencer les hallucinations du patient avec les extraits bruts de son dossier médical. Comme si la réalité se situait, au fond, entre la froideur de la vérité clinicienne et la liberté délirante des sens." Baptiste Liger, L’Express.
"Cela ressemble à une chute, à un chaos, une « guerre de tranchées » intime, mais c'est aussi un cheminement spirituel et littéraire, une forme d'initiation, qui passe par le dénuement, la confrontation avec le mal, la traversée des ténèbres." Nathalie Crom, Télérama.
"Il y a des premiers romans qui surgissent comme des météores, il leur arrive même d'atteindre le Graal (Jonathan Littell ou Alexis Jenni). Palladium, de Boris Razon, est de cette veine-là." Le Figaro.
"C'est un livre dont on ressort les yeux rouges, ému, déplacé" Pierre Zaoui, Le Monde.
Emma Aurange