Amanda Sthers en un clin d’œil
Amanda Sthers est écrivain et scénariste. Elle écrit depuis ses 15 ans, et nous offre depuis une œuvre très prolifique, avec des romans, des pièces de théâtre, des scénarios (pour la télévision notamment : elle est par exemple à l’origine des 60 premiers épisodes de Caméra Café) et des chansons.
Pourquoi on aime Les promesses ?
D’un père italien et d’une mère française, Alexandre vit entre ces deux univers. En Italie, il est Sandro, il parle italien avec les hommes de la famille, et écoute les conseils de son grand-père Nonno. Nonno qui a déjà prévu pour lui l’homme qu’il allait devenir : le riche héritier de la fortune et du business familial, un homme qui devra faire de l’argent, fréquenter des prostituées, porter des costumes sur mesure, et surtout, surtout ne pas croire en cette affabulation qu’on appelle « l’amour ». Mais plus il grandit, moins Sandro ne se reconnaît en son grand-père. Car en France, il est Alexandre. Partage une amitié très forte avec ses anciens camarades de lycée, Louis et Jacques, qu’il voit tous les mardis soirs pour regarder les matchs de foot et parler de politique. Et parler des femmes. Car Alexandre est très concerné par les choses de l’amour et du sexe. Des femmes, il en côtoie, il en épouse, et il en aime. Comme Laure, qu’il aime terriblement, et qui l’aime en retour. Qui est la chance de sa vie. Et qu’il ne sait pourtant pas saisir.
Car, dans cette vie, jalonnée des morts de ceux qu’il aime, Alexandre se perd. Quelque part entre l’Italie et la France, entre les amours consommés et les amours ratés, entre ce que son grand-père aurait voulu qu’il devienne, et ce qu’il est réellement. Entre Alexandre et Sandro. Peu à peu le personnage s’engouffre dans cette espèce de schizophrénie qui le guette depuis l’enfance. Et marche à côté de sa vie, pour se retrouver seul avec sa désespérance et ses regrets. Déçu des promesses que la vie n’a pas tenues, à la fois nostalgique de son enfance partagée entre deux pays, à la fois heureux d’en être sorti. Les proches d’Alexandre ne se rendent alors pas compte qu’ils fréquentent un homme qui n’est plus là. Mais où est-il alors ?
Avec Les promesses, Amanda Sthers signe un roman sensible, truffé de réflexions sur les étapes de la vie d’un homme, de cet homme, qu’elle incarne avec une troublante maîtrise et auquel on s’attache ou s’identifie à mesure qu’on le découvre. Un double récit entre la France et l’Italie, l’enfance et l’âge adulte, qui se lit d’une traite et nous plonge dans une mélancolie tantôt agréable, tantôt douloureuse.
La page à corner
" Que fait la mémoire de ces années qu’on compresse, dont les nuits se ressemblent, qui s’étirent comme une semaine fatiguée de novembre ? Dans quelle part de nous range-t-on les soirs inutiles, les conversations stériles ? Je ne me souviens en somme que de cycles. Des ruptures de rythme de ma vie. Quand un être meurt. Quand l’amour s’en va. Quand je comprends soudain qui j’ai oublié de devenir. J’espère avoir trahi toutes les promesses que je m’étais faites enfant. Devenir un homme, c’est revoir son vol. Comprendre qu’on se trompe en permanence sur ce qu’on s’imagine que sera la vie. Et pourtant, je pense avoir échoué. Je pense avoir raté ma vie parce que, ce soir-là, je ne chercherai pas où la nuit aura emmené Laure, je descendrai dans le métro et je rentrerai chez moi. Quand je pousserai la porte de la maison, Jules pleurera. Je le prendrai dans mes bras sans émotion. Je le consolerai machinalement. Pas à ma place. Le rôle de père n’est pas un emploi qui me siéra, encore moins à l’âge d’être grand-père. Gilda émue se tiendra dans l’encadrement de la porte.
-Vous êtes beaux tous les deux.
Et elle ne saura rien de mon cœur comme un bloc congelé, de mon cœur qui fuit. "
Les promesses vu par la presse
" Amanda Sthers sait parler des mécanismes du couple quand celui-ci fonctionne mais aussi lorsqu’il se défait. " Laurent David Samama, La règle du jeu
" Fin, vif, sensible, ce roman touffu qui se lit comme une belle course à travers l’été de la vie dans une presqu’île de Toscane, laisse une impression douce, lumineuse, aigüe. " Gilles Pudlowski
Pour aller plus loin
Amanda Sthers parle de son livre en vidéo
Claire Sarfati