Louis-Henri de La Rochefoucauld en un clin d’œil :
Né en 1985, Louis-Henri de La Rochefoucauld décrit avec humour le spleen des aristocrates face à leur Babylone de droit divin perdue. Partisan de la chaussette haute et de la révolution de tweed (par opposition à celle de Velours), cet auteur et journaliste a notamment contribué aux magazines Technikart, GQ et Schnock.
Pourquoi on aime Le Club des vieux garçons :
Dans un monde que l’on pense clôt et duquel nous pensons avoir tout vu, tout bu, tout lu, découvrir de nouveaux îlots d’exotisme n’a rien de quotidien ou d’anodin. Qui aurait donc pu croire que l’un des derniers monde inexploré se trouvait si proche de chez nous, caché par les quelques arbres composant le bois de Boulogne, et que le pénétrer nous embarquerait dans une truculente aventure aristo-picaresque ?
Car pour le dernier des Rupignac, être le descendant d’une illustre lignée tient autant du délice que du calvaire. Jeune homme plein d’esprit incapable de se sentir tout à fait chez lui ailleurs que dans les pittoresques salons familiaux, mal à l’aise face à la gent féminine, François ne connaît guère comme modèle que son grand-père frondeur et son oncle collectionneur de zèbre aussi solitaire que haut en couleur. Pas d’autres choix donc pour lui et son ami Paul, rencontré chez les jésuites, que se réfugier dans l’anachronisme. Ainsi naîtra Le Club des vieux garçons, société secrète aux règles monacales qui n’entrevoit de salut que dans la fuite et dans la cuite.
Pince-sans-rire, parfois même acide, Le Club des vieux garçons ne fait toutefois pas que traverser un monde qu’il tend à rendre folklorique. Son auteur, sous une verve qui allie des postures hussardes, un humour psychanalytique à la Philip Roth, et des situations burlesques tout droit sorties d’un script signé Lautner-Audiard, en profite pour traverser sa propre vingtaine. Perdu dans les turpitudes de la jeunesse, le roman quitte alors le burlesque, s’égare dans la mélancolie. Comme si, sous le fard et les titres de noblesse, se cachait toujours et encore les mêmes questionnements que se posait déjà Balzac en son temps. Une chose de sûre : malgré sa poétique, le choix du loden n’y répond pas plus que celui du sans-gluten.
La page à corner :
"Une homme est entré, lourd, l'oeil en capote de fiacre, découvrant dans son sourire une dent en or aussi rutilante que la chevalière qui scintillait à son annulaire : "Salut les cocus ! Comme ça, au moins, je suis sûr de n'oublier personne !" Le patron du Relais, enchanté, est venu le délester de son loden. Il s'agissait d'un habitué, qui a rejoint à petits pas sa table, dans un coin sombre, près du comptoir en marbre et des restes de faïence qui rappelaient aux amnésiques que l'endroit avait été une crèmerie avant d'être un restaurant. Pour le reste, les murs étaient tendus d'un tissu vert gazon et les serveittes et les nappes du même pourpre que la moquette - les moquettes comme les moustaches exercent sur moi une vive fascination, et j'aurais eu des remords à passer celle-ci sous silence." (p. 122)
Le Club des vieux garçons vu par la presse :
"Un roman plein d'esprit et de malice qui se dévore en pouffant de rire". La Croix
"Homérique et hilarant." Le Point
"Boris Vian, Raymond Queneau, Jean-Paul Sartre auraient adoré ce "Club"." Le Parisien Magazine
"Un roman drôle et attachant". Valeurs actuelles
Yves Czerczuk