L'auteur en un clin d'oeil :
Agrégé de lettres, Laurent Binet est un écrivain français. Il a remporté le Goncourt du premier roman pour HHhH (Grasset, 2010). Lire la biographie de Laurent Binet.
Pourquoi on aime "Rien ne se passe comme prévu" :
L''intérêt et la spécificité de Rien ne se passe comme prévu tient essentiellement en deux points : la subjectivité assumée de l'auteur et le récit de moments clés durant lesquels la presse n'avait pas été conviée. Le modèle de Laurent Binet : le gonzojournalism, autrement dit le fait de revendiquer un point de vue. Ainsi, il explique : "Je ne me voyais pas suivre pendant des mois un candidat dont je n'aurais pas souhaité au moins un peu la victoire, je voulais un candidat de gauche."
Et tout au long du récit écrit à la première personne et souvent dans un style assez relâché, Laurent Binet fait part de sa lecture personnelle des évènements. Le 5 octobre, à l'occasion du troisième débat des primaires socialistes, lorsque "François Hollande déclare au sujet des médecins : "on ne peut pas obliger quelqu'un qui a fait des études à aller travailler là où il ne veut pas ? J'ai envie de lui dire : on peut, ça s'appelle un prof." Ces incursions ne gênent en rien la lecture, au contraire, ces commentaires sont parfois bénéfiques pour un lecteur plongé dans un univers où le calcul politique fait souvent place aux convictions.
Autre attrait de ce récit : le compte-rendu de ce que les caméras n'ont pas pu saisir comme ce retour en avion vers Paris à l'heure de la victoire. "Valérie Trierweiler nous pose une drôle de question : sur qui en ce moment d'accomplissement (…) avons-nous l'impression de prendre une revanche personnelle ? Hollande dit simplement : "Sarkozy". Alors seulement, je prends la mesure du duel que les deux hommes se sont livré. Ce n'était pas seulement politique, ils en avaient fait une affaire personnelle."
Le regard critique :
Pour ceux qui chercheraient au travers de ce compte-rendu, à décrypter la personnalité de François Hollande, peu de pistes sont finalement avancées. L'homme reste mystérieux. Ainsi Malek Boutih avait prévenu l'auteur : "Essayer d'approcher Hollande, c'est un cauchemar. (..) Hollande, il ne livre rien, il ne s'oublie jamais, il fait pas de confidences (…) Il faut que tu le suives partout et que tu sois toujours à cinq mètres de lui."
La page à corner :
En visite à Florange, François Hollande part à la rencontre des ouvriers : "On arrive sur le site, une journaliste persifle : "après "le candidat aime les enfants blonds et les vaches" (hier à Laval), aujourd'hui "le candidat aime les ouvriers et les casques."... "Il [François Hollande] s'engage à proposer la loi d'obligation de vente en cas de cessation d'activité (applaudissement des ouvriers), mais il ne peut exclure qu'elle ne soit pas votée." (p.168).
Claire Checcaglini