Vous êtes ici

16 Janvier 2023

« Beyrouth-sur-Seine » de Sabyl Ghoussoub : une mémoire familiale, du Liban à Paris

Partager via Facebook
Partager via Twitter
Partager via Pinterest
Imprimer la page
« Beyrouth-sur-Seine » de Sabyl Ghoussoub : une mémoire familiale, du Liban à Paris

Dans Beyrouth-sur-Seine, prix Goncourt des lycéens 2022, Sabyl Ghoussoub raconte l’histoire de ses parents libanais et celle d’un pays en crise sur plusieurs décennies : un ailleurs omniprésent et ici au quotidien. 

Sabyl Ghoussoub en un clin d'oeil  

Écrivain, journaliste, photographe et commissaire d’exposition, Sabyl Ghoussoub a publié trois romans : Le nez juifBeyrouth entre parenthèses et Beyrouth-sur-Seine. Son dernier livre, Beyrouth-sur-Seine, publié chez Stock, a été salué par la critique et a remporté le prix Goncourt des lycéens 2022.

Pourquoi on aime Beyrouth-sur-Seine

Sur les traces des origines

L’auteur Sabyl Ghoussoub entreprend un jour d’interroger ses deux parents sur leur histoire. Il se rend régulièrement chez eux pour récolter leurs témoignages qu’il enregistre. Originaires du Liban et arrivés en France en 1975 – ou 1974, selon les versions systématiquement divergentes de la mère et du père -, ils n’en sont jamais partis, alors que leur séjour ne devait être que provisoire. En 1975, la guerre civile débute au Liban. Elle durera plus de 15 ans. Puis, les tensions se poursuivent, les crises se succèdent et ne prennent jamais fin, jusqu’à nos jours.

A partir de l'histoire de ses parents se déploie l'Histoire d'un pays sur plusieurs décennies. 

Sabyl Ghoussoub livre un portrait tendre de ses deux parents, tantôt grave, tantôt drôle, toujours émouvant. A partir de leur histoire, c’est celles de plusieurs membres de la famille qui se dessinent : oncles, tantes, cousins et sœur ; ceux qui sont restés, ceux qui sont partis, et celle de l’auteur aussi. Jeune, il ne vit le Liban qu’inconsciemment. A l’adolescence, il se sent libanais soudainement et décide de vivre dans son pays d’origine. Il en revient. Depuis ce choc, le Liban le submerge, le hante et l’anime.

L'ici et l'ailleurs, géopolitique et échos

Dans Beyrouth-sur-Seine, plus qu’un drame familial, c’est toute une cartographie du Moyen-Orient et les enjeux géopolitiques d’une région sensible qui prennent forme. Porte d’entrée du Moyen-Orient, frontalier ou proche de la Syrie, Israël, la Palestine, l’Irak et l’Iran, terre de nombreuses communautés, le Liban cristallise de nombreuses tensions. Le pays du Cèdre est le théâtre d’affrontements successifs.

Au fil des décennies, pour les parents de l’auteur, puis pour l’auteur lui-même, le Liban et la guerre se vivent majoritairement à distance, par journaux et écrans de télévision et de téléphone interposés, comprenant d’infinies conversations Whatsapp avec la famille. L’ailleurs se ressent et se vit quotidiennement, et parfois, surgit ici violemment. Plusieurs épisodes historiques ont lieu sur le territoire français, rappelant que l’ailleurs n’est jamais loin, que l’ailleurs et l’ici sont inextricablement liés : attentats de la rue des rosiers et de la rue de Rennes, prise d’otages à l’Ambassade d’Irak, événements dont les parents de l’auteur sont parfois témoins ou victimes. 

À travers cette enquête familiale, l’auteur et journaliste Sabyl Ghoussoub nous fait sentir tout son attachement au pays de ses racines à l’histoire si tumultueuse, et aussi tout le tiraillement propre à l'exil.

La page à corner

« J’ai pensé au documentaire que je pourrais réaliser sur mes parents, au titre que je donnerais. J’ai pensé à Franco-Libanais mais mon père et ma mère n’ont rien de franco-libanais, il n’y a plus libanais qu’eux. Leur histoire est libanaise, simplement libanaise, même si elle s’est déroulée une bonne partie de leur vie en France. Pourtant, quand je vois les parents de Scorsese qui eux sont nés aux États-Unis, j’ai l’impression de voir les miens. Dans leur façon de parler, de bouger, d’être, ils ont quelque chose d’Italianamerican. Un peu mafieux, un peu villageois, un peu citadin. J’ai imaginé traduire mon titre en italien : Francolebanese ou seulement Lebanese. En italien, tout sonne mieux. Puis, j’ai compris qu’Italianamerican, ça allait bien à mes parents aussi. Ils ne sont pas italiens, ni américains, mais ils viennent d’ailleurs et c’est ce qui les réunit avec les parents de Scorsese, d’être ailleurs, cet ailleurs méditerranéen avec ce combo de machisme et de tradition, de mélancolie et d’humour noir, de démesure et d’outrance, de cris et de larmes. Je vois mon père dans l’attitude du père de Scorsese, assis sur son canapé à attendre et vociférer je ne sais quelles âneries à sa femme pour faire l’intéressant quand la caméra tourne. Je vois ma mère dans l’hyperactivité de la mère de Scorsese, à sa manière de tenir tête à son mari, de parler fort, toujours plus fort. De s’asseoir sans vraiment s’asseoir sur le rebord du canapé, prête à déguerpir si son mari devient trop désagréable. » p. 118-119

Dans la presse

« A l’opposé d’autofîctions où leurs auteurs règlent leur compte avec leur milieu, Sabyl Ghoussoub se plonge dans l’histoire des siens pour mieux les célébrer. C’est leur vie plutôt que la sienne qui fascine le fils d’exilés libanais à Paris depuis la guerre civile de 1975, et qu’il entre prend de reconstituer dans Beyrouth-sur-Seine. »

Hala Kodmani – Libération

« Le troisième livre de Sabyl Ghoussoub aurait pu s’intituler Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents libanais, mais Beyrouth-sur-Seine a le mérite de poser la topographie de ce récit autobiographique éminemment romanesque, drôle, émouvant. »

Christian Authier – Le Figaro Littéraire

« L’écrivain et journaliste franco-libanais s’attèle à narrer l’histoire de ses parents et sa propre quête d’identité dans un récit plein d’humour. Un livre écrit avec le cœur. Lumineux. »

Mohamed Berkani - France info

 

Lucile Charlemagne

Beyrouth-sur-Seine
Lorsque le narrateur décide de questionner ses parents sur leur pays d’origine, le Liban, il ne sait pas très bien ce qu’il cherche. La vie de ses parents ? De son père, poète-journaliste tombé amoureux des yeux de sa femme des années auparavant...
Paru le : 
24 Août 2022
Selections de livre: 
Beyrouth-sur-Seine

A lire aussi

15 Avril 2024

Dans La Louisiane , publié aux éditions Stock, Julia Malye nous transporte à bord de "La Baleine" pour explorer une part oubliée de l'...

05 Avril 2024

Dans Assises , son premier roman publié chez Stock, Tiphaine Auzière plonge le lecteur au cœur des procès d’assises : des sujets d’une...

28 Mars 2024

Dans Les Corps hostiles , publié aux éditions Grasset, Stéphanie Polack nous plonge dans un récit qui interroge le couple, le désir et la quête d...