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20 Août 2014

Adrien Bosc : A la mémoire de 48 étoiles oubliées

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Adrien Bosc : A la mémoire de 48 étoiles oubliées

Lauréat du prix de l'Académie française 2014, le premier roman d’Adrien Bosc, Constellation (Stock), est un captivant hommage rendu aux 48 victimes du crash aérien où périrent, entre autres, le boxeur Marcel Cerdan et la violoniste Ginette Neveu.

Adrien Bosc en un clin d’œil :

Adrien Bosc est un écrivain et éditeur français. Il a fondé les Éditions du Sous-Sol qui publient les revues Feuilleton et Desports. Constellation est son premier roman. Lire la biographie d'Adrien Bosc.

 

Pourquoi on aime "Constellation" :

Qu’est-ce que le hasard ? Pourquoi se manifeste-t-il ? Comment le distinguer de la nécessité, de la coïncidence, de la fatalité ? Voici quelques-unes des interrogations posées par Adrien Bosc dans son premier roman Constellation (Stock). Un roman singulier qui "questionne la notion de hasard" et qui tente de comprendre par quel enchainement de causalités, un géant des airs peut subitement devenir un tombeau d’acier.

 



Tout commence le 28 octobre 1949. L’avion Constellation, nouvelle comète d’Air France, s’écrase au large des Açores faisant 48 morts, passagers et équipages compris. Or, cet avion n’est pas n’importe lequel. Lancé par l’extravagant Howard Hughes, l’appareil comptait à son bord l’illustre boxeur et amant d’Edith Piaf, Marcel Cerdan, et la grande violoniste virtuose Ginette Neveu. Mais pas seulement. Parmi les victimes de ce crash tristement célèbre, on compte également cinq bergers basques, une bobineuse alsacienne, un homme divorcé parti retrouver son épouse.

 


C’est à tous ces anonymes qu’est consacré ce roman-hommage. Qui sont-ils ? Quels étaient leurs liens ? Pourquoi se rendaient-ils à New-York ? Il y a aussi ces jeunes mariés américains sauvés parce qu'ils ont dû céder leurs places à Cerdan. Tour à tour enquêteur, journaliste, romancier et poète, Adrien Bosc exhume, tout en distance et en empathie, ces destins oubliés en relevant, pour chacun, la somme de hasards qui les a fait embarquer sur ce vol. S'y ajoute enfin le mystère du précieux Stradivarius de Ginette Neveu...

 


Affectés aux Açores pour tenter de comprendre les raisons du crash, les membres de la commission d'enquête d'Air France retrouvent l'archet de la virtuose entre les mains d'un paysan mais délaissent l'instrument qu'il grattouillait : "le violon avait l'air si vieux"... La trace du Stradivarius est aujourd'hui perdue… à l’inverse de la volute du Guadagnini (le second violon de Ginette Neveu) qui, bien des années plus tard, se retrouve miraculeusement entre les mains du luthier Etienne Vatelot, sur le plateau du Grand Echiquier de Jacques Chancel…

 


Un énième mystère qui vient s’ajouter à la somme des "hasards objectifs" qui ont précipité ces 48 âmes vers leur inéluctable destin. En remontant le fil de leur histoire, Adrien Bosc entend "écrire leur légende minuscule" et rendre à ces hommes et femmes, "comme autant de constellations", leur humanité disparue le jour de l’accident.


 

La page à corner :

 

"J’avais lu dans une coupure de presse de l’époque, une anecdote sur l’un des passagers du Constellation. Il s’agissait d’Ernest Loweinstein, propriétaire de deux tanneries, à Strasbourg et à Casablanca. On y apprenait qu’il avait divorcé un mois plus tôt à Reno et qu’il regagnait New-York dans l’unique but de tenter une réconciliation avec son ex-femme. L’histoire me plaisait." Lorsque, pour les besoins de son enquête, Adrien Bosc décide d’écrire au fils d’Ernest Loweinstein, Bobby, âgé de neuf ans l’année du crash, ce dernier, décide de lui raconter l’histoire de ses parents : "Mon père, Ernest, était un juif allemand né en Westphalie qui a émigré à la fin des années 30 à Paris. Il travaillait avec mon oncle dans le cuir. Ma mère avait aussi émigré en France, elle était polonaise. Ils s’étaient rencontrés à Paris. (…) Puis, à l’été 1949, mes parents ont divorcé. Je me souviens de voyage à Reno, c’était comme des vacances. Nous y avons vécu pendant six semaines avec ma mère. Je ne comprenais pas tout ce qui se jouait, c’était l’été et cela ressemblait à un voyage. Et puis, il y a eu le vol Air France, on nous a dit qu’il avait survécu, avant de nous annoncer qu’il n’y avait aucun survivant. Quelques jours plus tard, son corps était identifié. Ensuite, il y a eu beaucoup de journalistes autour de la maison. Cette histoire de réconciliation est vraie. Je savais qu’il revenait pour cela et que ma mère était pour. Ma mère était une femme pleine d’énergie. Après la mort de mon père, elle est devenue l’une des premières femmes courtières à New York. (…) Mon père était vraiment quelqu’un de bien, il était très aimant. Ce qui est drôle, c’est qu’il adorait le sport, et surtout la boxe. Alors imaginez, Marcel dans l’avion…" (p.115)

 


Olivier Simon

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