Quatre ans après Le Cimetière de Prague Umberto Eco fait de nouveau vibrer sa corde romanesque avec Numéro zéro (Grasset), en librairie ce mercredi 13 mai. Très prolixe en matière d’essais notamment en sémiotique, linguistique et philosophie, l’auteur italien publie assez peu de romans pour que ce retour en librairie fasse figure d’événement.
Milan, 1992
Numéro zéro n’est en effet que le septième ouvrage de fiction de celui qui s’est révélé au grand public avec Le Nom de la rose en 1982. Point de trame ésotérique ici ni de complot franc-maçonnique. Le seul spectre est comme souvent, celui d’un pays, l’Italie, dont on lit l’histoire à travers le prisme des médias et de l’information du XXe siècle. Nous sommes en effet à Milan en 1992. Un groupe de journalistes est recruté pour créer un nouveau quotidien dédié à la recherche de la vérité, en réalité instrument de pressions et de chantage. Investiguant dans les arcanes du passé pour mettre en page leur "numéro zéro", ce n’est pas tant le présent que l’avenir qu’ils voient déjà se dessiner.
Stratégies et paranoïa de la désinformation
Et quand l’un d’entre eux est retrouvé mort dans d’étranges circonstances après la parution d’un article supposant que "l’ombre de Mussolini, donné pour mort, domine tous les événements depuis 1945", il y a forcément un loup. Stratégie de la désinformation, paranoïa, complots, meurtres, délations et mensonges… A l’échelle des hommes et des Etats, c’est tout un pan de notre société contemporaine que décrit ici Umberto Eco avec autant de gravité que de burlesque. Quant à la qualité de l’ouvrage, aucun doute : "C’est le meilleur roman d’Umberto Eco après Le Nom de la rose", selon Eugenio Scalfari, fondateur du quotidien italien La Reppublica.
N.S