Déjà plébiscité par les lecteurs puisqu’il a reçu le prix du roman Fnac et encore en lice pour l’Interallié qui sera remis ce 13 novembre, Laurent Binet s’est confronté au duo de chroniqueurs Léa Salamé/Yann Moix ce samedi autour de son dernier roman La septième fonction du langage (Grasset).
Léa Salamé : "un livre-monde qui sort de l'autofiction"
Et le moins que l’on puisse dire c’est que cet ouvrage mettant en scène les intellectuels français des années 80 au cœur de l’enquête fictionnelle suivant la mort de Roland Barthes, a suscité le débat. Dans un premier temps, le voilà encensé par Léa Salamé qui le qualifie de "livre-monde qui sort de l’autofiction". La journaliste va même jusqu’à le comparer au prix Goncourt de cette année – Boussole de Mathias Enard (Actes sud) – pour son côté "livre somme" et "orgie d’érudition". "Entre le Da Vinci Code, Le Nom de la rose et les SAS", clame-t-elle. Enfin, elle ne manque pas d’en souligner le côté "très drôle" notamment en vertu des scènes de sexe très explicites. Et de conclure : "Un vrai exercice de liberté" !
Confronter les cultures élitiste et populaire : pari tenu ?
Laurent Binet a ensuite dû opposer une solide défense face à un Yann Moix peu conquis dirons-nous… Interrogé notamment sur son choix de confronter la culture élitiste et la culture populaire par le prisme de l’humour et du bas-corporel - en mettant notamment les plus grands intellectuels français du XXe siècle dans des postures triviales - le romancier répond d’une part qu’il n’y a rien d’offensant à mettre Foucault en scène dans un sauna gay, lui qui était pour le moins très revendicatif de son homosexualité et que ce microcosme bien précis a même été décrit par Barthes lui-même.
On admettra que ces choix narratifs donnent un vrai rythme à l’ouvrage et un registre qui permet de jouer avec les mythes de la French Theory. Et puis, le débat suscite toujours la curiosité non ? On laissera d’ailleurs le dernier mot à Bruno Gaccio, également invité ce soir-là et qui coupe preque la parole à Yann Moix pour dire : "Moi, ça m’a donné envie d’acheter son livre".
N.S