Il y a 50 ans seulement, l'avortement était illégal. Il le serait peut-être encore si le Manifeste des 343 n'avait pas vu le jour. Les éditions Marabulles reviennent sur les événements de ce combat significatif dans une bande dessinée signée Adeline Laffitte, Hélène Strag et Hervé Duphot.
Quand l'avortement était illégal...
C'est en 1970 que naît le MLF, Mouvement de Libération des Femmes. Ce mouvement féministe, qui remet en question la société patriarcale, fait entendre sa voix et réclame le droit pour les femmes de disposer librement de leur corps - et donc de pouvoir avoir le contrôle sur leur fécondité, en pouvant avorter librement.
Car si le Dr Neuwirth est parvenu à légaliser la pilule contraceptive en 1967, seul l'avortement thérapeutique est autorisé. Résultat : ce sont plus de 800 000 femmes qui se font avorter clandestinement en France chaque année. Outre les infections et le risque de mourir, aucune de ces femmes n'en sort indemne et toutes risquent d'être condamnées par la brigade des moeurs.
Le Manifeste des 343
Nicole Muchnik, journaliste au Nouvel Observateur dans les années 1970, se lance alors dans un combat : celui d'éveiller les consciences pour enfin faire changer la loi et légaliser la pratique libre de l'avortement pour toutes les femmes. Son histoire a inspiré la bande dessinée, qui en fait son personnage principal.
Au contact des militantes du MLF et avec le soutien de la philosophe féministe Simone de Beauvoir, Nicole parvient à publier un manifeste dans lequel 343 femmes, célèbres et inconnues, reconnaissent publiquement avoir eu recours à l'avortement. L'effet de cette publication est retentissant et ouvre la voie à un changement de la loi sur l'avortement en France, incarné ensuite par l'avocate Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny en 1972.
C'est en grande partie grâce à ce manifeste que la loi Veil, adoptée en 1975 et dépénalisant l'avortement, a pu voir le jour.
Shannon Humbert.