La vie, l’œuvre, l’engagement et la persévérance de Benoîte Groult font d’elle l’une des actrices principales des avancées concernant la condition des femmes au XXe siècle. Suite à sa disparition ce 20 juin à l’âge de 96 ans, le Président de la République François Hollande lui a rendu hommage en évoquant "un sourire bienveillant, une voix chaude, une pensée exigeante, un style ardent."
Une grande carrière de romancière
Née le 31 janvier 1920 à Paris, Benoîte Groult était la fille du designer André Groult et de Nicole Poiret, dessinatrice de mode. "Je ne suis née à moi-même que vers 35 ans", disait-elle pourtant. Il est vrai que ce n’est qu’en 1958 qu'elle se lance sur la scène littéraire avec Journal à quatre mains (Le Livre de Poche), écrit avec sa sœur cadette Flora. Romancière et essayiste, Benoîte Groult partage ensuite son engagement à travers de nombreux autres ouvrages. Elle publie entre autres La Part des choses (Grasset, 1972), Les Trois quarts du temps (1983), Les Vaisseaux du cœur (1988), et Histoire d'une évasion (Livre de Poche, 1997). Elle écrit en 2006 La Touche étoile (Grasset) un récit évoquant la vieillesse et ses inconvénients. Deux ans plus tard, elle s’était livrée dans son autobiographie intitulée Mon Évasion.
Un engagement féministe durable
Elue membre du jury Femina en 1982, Benoîte Groult publie pour la première fois, en 1986, l’intégralité de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne rédigée par Olympe de Gouges en 1791. Elle est également la première à dénoncer publiquement les mutilations génitales féminines avec la publication d’Ainsi soit-elle (Grasset) paru en 1975 et vendu à un million d’exemplaires. En 1976, un an après la loi Veil sur l’avortement, elle s’engage dans le combat pour l’émancipation et défend le divorce et l’avortement. Elle a présidé en 1984 la commission politique pour la féminisation des noms de métier et entre à la fin de sa vie à l'Association pour le droit de mourir dans la dignité, qui sera son dernier combat. De nombreux hommages lui ont été rendus, notamment par le chef de l’Etat qui a annoncé dans un communiqué de l’Elysée ce mardi 21 juin: "Benoîte Groult ne voulait pas seulement exister pour elle-même, elle voulait faire voler en éclats les conservatismes, pour transformer la société et la mettre en accord avec ses convictions," Avec (elle) disparaît une belle et grande figure du féminisme".
M.E.