La Dangereuse : l’incarnation d’une résistance
En novembre 2015, après s’être fait sauvagement agresser, insulter et menacer à Casablanca par trois hommes, l’actrice principale de Much Loved de Nabil Ayouch, Loubna Abidar, s’est vue refuser de l’aide par les forces de l’ordre. Son crime ? Avoir incarné une prostituée à l’écran. Incapable de sortir de chez elle sans être moquée et traitée de "pute", elle se réfugie en France. Nommée dans la catégorie "meilleure actrice " aux César 2016 et aujourd’hui artiste reconnue, Loubna Abidar a osé "ouvrir sa gueule" et mettre le doigt sur l’hypocrisie autour de laquelle s’organise toute une société. Elle publie cette semaine, La Dangereuse avec la collaboration de la journaliste Marion van Renterghem aux éditions Stock.
Loubna Abidar ou le combat pour la liberté des femmes au Maroc
"Dans un pays où leurs droits ont tendance à régresser sous la poussée de l'islamisme, le combat de Loubna est fondamental. Sa liberté est un affront et un apprentissage forcé pour les hommes", écrit Marion Van Renterghem, grand reporter au Monde. Par son courage, Loubna Abidar est devenue le symbole des femmes qu’une partie de la tradition arabo-musulmane divise en deux catégories : les pures et les putes. Privée de présence maternelle durant son enfance, elle croise pour la première fois des prostituées à l’âge de 10 ans. Ces femmes, qu’elle associe aux actrices et qui lui permettent une ouverture sur le monde, deviennent pour elle un modèle. C’est ainsi que celle que l’on surnomme désormais la "dangereuse", s’est affirmée comme les actrices de son enfance, en femme libre, et est entrée dans le monde du cinéma qui l’a à la fois sauvée et piégée.
La bande annonce de Muched Loved :
Réécoutez le passage de Loubna Abidar dans "Boomerang" sur France Inter ce mercredi 18 mai :
Retrouvez Loubna Abidar dans l'émission "On n'est pas couché" ce samedi 21 mai.
M.E