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26 Octobre 2018

Incantations : deux extraits exclusifs de la biographie d'Alan Moore

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Incantations Alan Moore

Maître absolu de la bande dessinée, Alan Moore possède une personnalité aussi singulière et excentrique que son talent est immense. La journaliste Lance Parker lui consacre avec Incantations, le Grand Oeuvre d'Alan Moore une biographie drôle et lucide, de laquelle nous vous proposons deux extraits exclusifs !

Inrésumable et totalement anachronique, la vie d'Alan Moore aura – malgré ou grâce à sa singularité – autant passionné que ses œuvres. Faut-il préciser l'immense fascination que celà induit, tant celui qui se cache derrière Watchmen, From Hell ou V pour Vendetta a marqué l'histoire de la bande déssinée – et de la littérature avec son récent Jérusalem ? Pour nous, une seule réponse : que vous comprenniez ou pas la stature de cet auteur adepte de diverses disciplines occultes, la lecture de cette biographie, Incantations, le Grand Oeuvre d'Alan Moore, s'impose forcément.

 

Alan Moore, « une jeunesse imberbe »

 

Très tôt passionné par les comics, Alan Moore se lance très jeune dans la bande dessinée avec une idée derrière la tête : révéler ce que les histoires qu'il lit adolescent ne donne pas à voir. C'est aussi cela que traduit sa biographie, en s'attachant à raconter une adolescence compliquée, passée à enchaîner les petits boulots dans une ville industrielle du centre de l'Angleterre.

« Moore savait ce qui l'attendait : son père, son grand-père et son arrière-grand-père avaient tous été des travailleurs manuels. Son premier contrat le mena dans un abattoir sur Bedford Road. Il était payé 6£ la semaine pour découper des moutons qui avaient croupi toute la nuit dans l'eau et leurs propres déjections. Un lieu "où des hommes aux mains bleuies par des colorants caustiques se racontaient des blagues racistes". Il y restera deux mois avant d'être renvoyé pour avoir fumé du cannabis dans la salle de repos. Il devint alors homme de ménage au Grand Hotel sur Gold Street (aujourd'hui transformé en Travelodge Northampton Central) avant d'aller travailler dans l'entrepôt W.H. Smith, à emballer livres, magazines et, bien sûr, comics. Quand on l'interroge sur ces premiers petits boulots, Moore aime à répéter la même blague : "Je vois ça comme un long déclin professionnel dont l'ultime palier fut scénariste de comics." »

 

Northampton, l'histoire d'une vie

 

Cette ville, qu'il a depuis largement dépeint dans le gigantesque Jérusalem, est la clef de voûte de son édifice. Car l'auteur, qui n'a jamais quitté cette ville qui l'a vu naître, s'est grandement servi de son histoire et des œuvres qu'elle a fait naître pour faire travailler son imaginaire, qui a force d'inventivité est devenu tout un monde intérieur qui s'exprime dans ses créations. 

« Pour Alan Moore, le monde réel pourrait s'arrêter à Northampton, qu'il a déjà décrit comme étant "monochrome", faisant ainsi écho à l'imagerie portée par Big Numbers (1900), un comics se déroulant dans un Northampton rebaptisé "Hamton" – dans lequel la couleur n'apparaissait que sporadiquement – et par Don't Let Me Die in Black and White (Je ne veux pas mourir en noir et blanc), un documentaire (en noir et blanc) tourné à Northampton en 1993. Si la ville natale est d'une importance majeure pour Moore, il a aussi passé sa vie ailleurs. Dans un royaume rayonnant et polymorphe, où les gens peuvent voler, rencontrer des êtres qui ont dépassé leur humanité, et peuvent errer dans des décors épiques remplis de cieux dorés, de statues colossales et de symboles matérialisés – un lieu dont il dit lui-même qu'il est "lumineux et intemporel". La vie imaginaire d'Alan Moore a toujours été au moins aussi riche et pertinente à ses yeux que sa vie "réelle". Sa vie intérieure est un territoire qu'il explore depuis quelques années au cours d'ambitieuses expéditions, et il voit désormais l'art comme un outil lui permettant non seulement de traiter son expérience de l'imaginaire, mais aussi de changer le monde qui l'entoure. C'est ce qu'il appelle "magie" et son travail et devenu – s'il ne l'a pas toujours été – un objet qui peut être compris non comme une autobiographie littérale, mais comme les extraits d'une autobiographie de son imaginaire. »
 
Sombre et lumineuse à la fois, cette biographie possède les mêmes attributs que son sujet le « wonderful wizard of Northampton ».

Y.Cz.

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