Dès la scène d’ouverture, le tant attendu biopic sur Dalida de Lisa Azuelos, en salles ce 11 janvier, donne le ton : on découvre une femme seule dans un aéroport sur une reprise de Nights in white satin et on comprend vite que la réalisatrice a surtout choisi de montrer combien a souffert cette star adulée par toute une génération. Où est-elle ? Avec qui est-elle ?, se demande le film.
"Dalida" : mourir sur scène
Interpétée par une Sveva Alviti habitée en permanence par l’inquiétude de son sujet, Iolanda Gigliotti ne prend pas l’avion comme elle l’assure à ses proches mais grimpe dans un taxi direction l’hôtel où le panneau "Ne pas déranger" vient brutalement barrer l’entrée de la chambre au spectateur. Nous sommes le 26 février 1967 et Dalida tente de mettre fin à ses jours. De fait le film sera hanté par la mort qui rôde autour d’elle, la tentation d’y céder, elle, mais aussi ses proches. Sait-on que trois de ses amours (Luigi Tenco, Lucien Morisse et Richard Chanfray) se sont donné la mort ? Durant sa longue convalescence ses proches se succèdent dans le cabinet du psychiatre et la vie de la chanteuse se déroule par flashbacks ponctués d’accélérés et de ralentis stylisés, de musique assourdissante et de silences tout aussi violents. On comprend alors son manque d'air, sa solitude, son désespoir sous une lumière trop forte qui lui a tant fait mal aux yeux.
"Vous donnez de l’espoir à des milliers de gens… - Et moi qui m’en donne ?"
Les tubes qui se succèdent et le tumulte de sa vie n'ont cessé de s'articuler d'année en année. Et quand elle fait le choix de reprendre des standards (Je suis malade, Besame mucho, Pour ne pas vivre seul…), là non plus rien n’est laissé au hasard. Outre le parcours intérieur d’une idole, Lisa Azuelos dresse une chronique des années 1960 et 1970 aux magnifiques costumes et aux décors peuplés de figures familières et désuètes (Riccardo Scamarcio en Orlando, Jean-Paul Rouve en Lucien Morisse, Patrick Timsit en Bruno Coquatrix, Vincent Perez en Eddie Barclay ou encore Nicolas Duvauchelle en Richard Chanffray …).
Lisa Azuelos : une biographie de Dalida en avril
Lisa Azuelos ayant connu le milieu du showbusiness dès l’enfance – elle est la file de Marie Laforêt – est dans un processus d’empathie voire d’identification avec Dalida pour en faire un personnage dramatique. Mais tout ce qu’elle n’a pas pu dire dans le film, elle l’a écrit dans un ouvrage intitulé Laissez-moi danser prévu en avril chez Stock. Elle y racontera "sa" Dalida, celle qu’elle a appris à connaître en travaillant cinq ans sur sa vie et dont les douleurs et les joies rejoignent sa propre expérience. Loin des robes à paillettes et du disco, elle livre un portrait inédit et très sensible de Dalida que ce soit devant la caméra ou sous la plume.
N.S