En allant à la rencontre de Lulu d’Ardis, dessinatrice tout juste trentenaire, auteur du blog "Mondanités et fumisteries" et d’un ouvrage intitulé Lulu paye son coup (éditions du Chêne), on se doute que l’entretien aura des allures de pot entre potes. Héritière de la tradition des brèves de comptoir, la jeune artiste s’est plue à imaginer un personnage un brin décalé : clope au bec et sweat à capuche, Lulu est le pilier de bar de la génération Y.
Après "Charlie Hebdo", "j'étais complètement paumée"
Culture, sport, politique, mode : tous les sujets y passent. Mais quand on a l’habitude de lire Charlie Hebdo "pour rigoler, quand l’actualité est trop merdique" et que s’abat d’un coup le 7 janvier 2015, que dessiner ? "J’étais un peu traumatisée, comme tout le monde. Y a un moment j’ai arrêté de dessiner, parce que dès que je faisais un dessin je me disais « Bah non, c’est nul, c’est pas à la hauteur de Charlie, c’est pas vraiment ça l’esprit Charlie Hebdo, mais en même temps, moi je fais pas non plus du Charlie Hebdo »… (…) J’étais complètement paumée", nous a-t-elle expliqué.
Un hommage avant l'heure
L’inspiration a certes fini par revenir, mais finalement, l’hommage le plus beau rendu à l’hebdo par la blogueuse date d’avant le drame. En référence à l’une des plus célèbres unes du journal satirique, Lulu d’Ardis avait fait dire à Coco Chanel : "C’est dur d’être aimée par des connes". "L’histoire de ce dessin est dingue. En voyage au Brésil, je suis tombée sur une téléréalité qui s’appelait "Mulheres ricas" (Femmes riches). On suivait cinq milliardaires brésiliennes complètement connes. L’une d’elles allait à l’aéroport prendre son jet : « Regardez mon jet, il est trop bien, regardez, les poignées elles sont en or et j’ai des verres en cristal et y a toujours du champagne et je vais pouvoir aller faire mes petites emplettes chez Chanel à Paris. Elle appelait sa copine elle lui disait, « Ouais allez viens, on va à Paris, on s’en fout ». (…) Dans ce pays y a tellement de gens extrêmement pauvres. Je me suis demandé comment on pouvait être aussi conne. Le dessin de Cabu était super intelligent. J’ai trouvé ça drôle de faire dire ça à Chanel". Le rire avant tout, donc.
N.S