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"Le choix du roi" de Laurence Lieutaud : jusqu'où peut aller l'amour d'une mère ?

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"Le choix du roi" de Laurence Lieutaud : jusqu'où peut aller l'amour d'une mère ?

Dans Le choix du roi (Grasset), Laurence Lieutaud nous entraîne au coeur d'un secret familial qui défie les apparences et happe le lecteur à la manière d'un thriller.

Laurence Lieutaud en un clin d'oeil :

Professeure de lettres modernes dans un lycée à Toulon, Laurence Lieutaud est également autrice. Après Ravissement, paru en 2021, Le choix du roi est son deuxième roman (Grasset).

 

Pourquoi on aime Le Choix du Roi :

Du haut de ses 20 ans, Maxime fait la fierté de ses parents. Sportif et brillant, celui qui s'apprête à intégrer Polytechnique a tout du fils parfait - à l'inverse de sa soeur Lisa, au caractère explosif et toujours sur la défensive. "Un fils en or" donc, comme aime à le dire sa mère Karine. Mais tout bascule lorsque Maxime, ivre et la chemise pleine de sang, réveille sa mère dans la nuit : de retour de soirée, il vient de renverser une jeune fille en voiture et l'a laissée pour morte sur le chemin de l'accident. Bien malgré elle, Karine devient complice du macabre secret de son fils.

Comment continuer de vivre normalement lorsque l'on connaît une telle vérité ? Laurence Lieutaud nous entraîne au coeur des pensées nébuleuses, tantôt paniquées, tantôt réfléchies, de cette mère qui ne reconnaît plus son fils et qui doit pourtant apprendre à jouer des apparences pour ne pas éveiller les soupçons. Face à son fils mutique et à la vie qui reprend son cours, Karine se démène pour ne pas sombrer dans la culpabilité ni la haine. 

Construit à la façon d'un thriller, Le choix du roi nous fait traverser les pensées de chaque personnage, des membres de la famille à la mère de la victime. Si le lecteur connaît le responsable de la mort d'Iris dès les premières pages, il reste néanmoins tenu en haleine par une narration foisonnante et une question qui fait office de fil rouge : qui parviendra à découvrir la vérité ?

 

La page à corner : 

     "Je ne dors plus. Pourtant, il y a quelques heures, à peine allongée dans le lit, le cachet m'a fait basculer dans le néant. Avec les somnifères, on ne rêve pas, on s'enfonce dans un trou noir, comme si la peur avait été ensevelie profondément, un cercueil enfoui sous terre. J'ai fui, le temps d'une trêve trop courte. Quand j'ai rouvert les yeux d'un coup, happant une goulée d'air comme si je sortais la tête de l'eau, il était à peine 4 heures du matin. J'ai marché jusqu'à la chambre de Maxime. Je l'imaginais tournant dans son lit, lui aussi. Une bête traquée. En approchant, j'ai entendu des cliquetis, des touches que l'on enfonce avec rage. J'ai ouvert délicatement la porte, et je l'ai vu, de dos, torse nu, courbé vers son écran. Je ressentais la tension de son corps, la crispation de ses muscles. Ses ennemis, en tenue de camouflage, mitraillaient de tous côtés son avatar, mais il était plus rapide, plus offensif. Les colosses tombaient les uns après les autres, terrassés par une balle en plein coeur ou éparpillés, par une grenade, en bouquets de bras et de jambes. Je l'ai observé un moment, casque sur les oreilles, pouces frénétiques. Il a bondi comme un fauve sur son dernier assaillant, un combat à mains nues cette fois, et sous mes yeux l'a étranglé. J'étais horrifiée par le réalisme de cette scène de meurtre. J'avais du mal à faire coïncider le visage juvénile de mon fils avec celui de ce militaire aux traits déformés par la haine. Je retenais ma respiration, de peur que Maxime ne se retourne et que je voie dans ses yeux la rage de son lieutenant ou une joie indécente de tuer par procuration. Comment pouvait-il jouer, cette nuit, au lieu de se retourner dans son lit, en se mordant les poings pour ne pas hurler ? Comment pouvait-il jouer à tuer ? [...]

     Il est 4 heures 40. Je ne tiens plus. Fabien, sur le dos, est étendu comme un gisant à mes côtés. D'habitude, ses ronflements me rassurent. Cette nuit, il ne fait aucun bruit. Je suis obligée de coller mon oreille à sa bouche pour l'entendre respirer. J'envie son sommeil serien qui tient les inquiétudes à distance, dans un ailleurs où il puise la force de se lever pour affronter une nouvelle journée aussi inoffensive pour lui que la précédente, là où rien n'arrive jamais. Si seulement Maxime avait aussi réveillé son père la nuit de l'accident... Est-ce que Fabien l'aurait couvert ? J'en veux à mon fils de l'avoir épargné et d'avoir fait de moi seule sa complice. Sa complice ? Non. On est complice d'un meurtre, pas d'un accident." (p. 83-84)

 

Dans la presse : 

"Le choix du roi est un thriller psychologique parfaitement maîtrisée qui happe le lecteur et le laisse avec une question entêtante : et lui, que serait-il capable de faire ?"
Is. R., La Voix du Nord

"Si Karine, dont l'existence banalement heureuse vole en éclats, constitue le fil rouge de l'intrigue (détentrice d'un secret aussi impossible à garder qu'à divulguer, elle est la seule dont on adopte directement la perspective, à la première personne), on suit avec un intérêt tout aussi soutenu les trajectoires de la victime, de sa mère à jamais brisée, de Lisa qui grandit en l'espace d'un été, de Maxime qui se révèle en ne révélant rien, jusqu'à une fin aussi implacable que le destin dans les tragédies grecques."
M.T.H., Madame Figaro

 

Shannon Humbert.

Le choix du roi
Avis des lecteurs : 4/5 3 Donner un avis
Jusqu’ici Maxime était le fils parfait. Aîné brillant, garçon sportif, à 20 ans il s’apprête quitter le foyer toulonnais pour intégrer Polytechnique quand sa cadette, Lisa, enchaîne les colorations capillaires, les piercings et les...
Paru le : 
10 Mai 2023

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