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04 Décembre 2015

Salon de Montreuil : on est passé de l’autre côté du miroir avec Alice

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Salon de Montreuil : on est passé de l’autre côté du miroir avec Alice

En cette 31e édition, le Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil fait la part belle à Alice au pays des merveilles qui fête rien moins que ses 150 ans. MyBOOX a visité la grande exposition Wonderland, la logique du rêve où sont exposés les dessins des nombreux illustrateurs s’étant frottés au mythe. Un univers onirique où l’on se plaît à perdre ses repères et où les enfants comme les adultes trouvent leur compte. 

Vendredi 4 décembre au matin. Cela fait deux jours que le Salon de Montreuil a émergé de la torpeur de l’Etat d’urgence. Les scolaires sont même de nouveau autorisés à sortir et à se rendre dans ce lieu qui leur est dédié. En passant les deux portiques de sécurité consécutifs, on espère que les enfants trouveront le plus possible de réponses aux questions qui les taraudent grâce à la thématique de cette année "Pour de vrai / Pour de faux, réel et fiction dans la littérature jeunesse".

 

Une exposition labyrinthe

 

Il faut ensuite descendre au sous-sol de l’espace Paris-Est Montreuil pour découvrir le vaste dispositif mis en place pour fêter les 150 ans d’Alice au pays des merveilles. Et on n’est pas étonné de découvrir que l’exposition Wonderland, la logique du rêve, où sont exposés les différents illustrateurs ayant relu Alice, a pris la forme… d’un labyrinthe.

 

 

Pas de haies chatoyantes ou de roses peintes. C’est un agencement de tôle ondulée faisant jouer les lumières et la pénombre qui nous absorbe. On croise un adolescent portant un chapeau de Spirou… Différents mondes s’entrechoquent déjà.

 

Alice lue et relue depuis 1865

 

D’une aile du labyrinthe et d'un lapin blanc à l’autre, de pleins en déliés de tôle, se déploient les œuvres originales ou reproductions d’Anthony Browne, Benjamin Lacombe, Chiara Carrer ou encore Rébecca Dautremer à qui l’on doit un magnifique ouvrage en 2010 (Gautier Languereau). Car ils sont nombreux les écrivains et artistes à avoir apposé leur griffe sur ce chef d’œuvre (une nouvelle édition du texte original est tout juste disponible aux éditions du Chêne). Lié d’amitié avec les enfants du directeur de sa faculté, Lewis Caroll (Charles Lutwidge Dodgson à l’état civil), improvise un jour de sortie en barque de 1862, l’histoire de la plus jeune d’entre eux, Alice Liddell. Laquelle, subjuguée, le presse ensuite d’écrire ses aventures. Alice au pays des merveilles paraît en 1865 illustré par le célèbre John Tenniel.

 

Alice au pays des merveilles, Lewis Caroll, John Tenniel, éditions du Chêne, 2015

John Tenniel au cœur d’un espace numérique

 

L’exposition de Montreuil permet un pont spectaculaire entre 1865 et 2015 puisque les dessins originaux de Tenniel ne sont pas exposés aux murs, mais projetés au sol au cœur du labyrinthe numérique grâce à des boutons qui permettent d’interagir sur les projections. Ce kaléidoscope géant s’accompagne d’un dispositif d’"oculus", lunettes qui plongent leur utilisateur dans un univers à 360 degrés en 3D. De quoi perdre ses repères de manière aussi onirique que l’héroïne de Caroll. L’attraction attire petits et grands : on fait la queue pour chausser les lourdes binocles hallucinatoires.

 

"Wonderland" : une vraie exposition d’art

 

Après ce petit shoot de rêve en boîte, on s’y prend à plusieurs reprises pour enfin déboucher sur la section consacrée aux œuvres de Rébecca Dautremer. Un groupe de petites filles de 7 à 8 ans suit leur guide qui, comme dans une vraie exposition d’art, leur apprend les différences entre un original et une reproduction et leur enseigne les sources d’inspiration picturale des artistes (Rubens et le clair-obscur pour Dautremer ou encore les photos originales des enfants Liddell). Qu’elle n’est pas la surprise des enfants de découvrir que la "vraie" Alice est brune aux cheveux courts contrairement à la représentation que l'on s'en fait communément (Tenniel et Walt Disney sont passés par là). 

 

 

Alice au pays des merveilles : entre rêve et réalité

 

A l’issue de la visite et de l’immersion dans l’histoire d’Alice, leur guide, Nolwenn Chevalier, leur demande : "Alors, c’était vrai ou non ?" Un "Noooon" unanime s’élève de la petite assistance : "Elle a rêvé".

"Ce qui est vraiment intéressant avec Alice c’est qu’il y a plusieurs niveaux de lecture et ça s’adresse aussi aux adultes parce que chacun y voit des choses différentes. La plupart des illustrateurs glissent des petites références subtiles. Il y a cette ambigüité instaurée par Lewis Caroll et les illustrateurs jouent là-dessus", précise Nolwenn. "Par exemple, chez Rébecca Dautremer Alice se réveille à la fin avec une feuille dans les cheveux qu’elle n’a pas au début. Sachant qu’elle est à l’intérieur, cela peut insinuer le doute. J’aime bien leur demander à la fin de la visite si les aventures qu’elle a vécues étaient vraies ou pas. Et les avis sont assez partagés en général". Les petites sont d’accord : "Il y a du suspens ! Parce qu’on ne sait jamais si c’est vrai ou pas !"

 

Rébecca Dautremer : partir de la "vraie" Alice

 

Quant aux adultes, ils ne cachent pas leur effroi devant le sourire suspendu et carnassier du chat du Cheshire et l’univers inquiétant de Rébecca Dautremer. Nolwenn précise que "beaucoup de personnes ont un rapport assez ambigu avec ce texte, même les adultes ont parfois un peu de mal à accrocher", et nous explique que l’illustratrice n’était pas très partante pour aborder ce grand classique. Ce sont les photographies de Tenniel, notamment les portraits d’Alice Liddell qui ont fait la différence. "Comme elle s’inspire beaucoup de la photographie dans son travail, ça a terminé de la convaincre. Cela se voit notamment dans sa manière d’utiliser le flou", termine Nolwenn visiblement passionnée.

 

 

Alice au pays des merveilles de Rébecca Dautremer est disponible à la librairie dédiée que l’on retrouve en s’extirpant du labyrinthe à côté de son dernier ouvrage, Yéti (Gautier Languereau) ou encore d’Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll et John Tenniel (éditions du Chêne).

 

 

Le flottement de ce monde magique nous tient encore alors qu’on remonte à la surface du salon où les cris d’enfants, les couleurs et les sons sont bien ceux du monde réel.  

 

Noémie Sudre

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