Quand on ouvre Renaud, Paradis perdu que signe le journaliste Erwan L’Eléouet, on trouve le chanteur en larmes (d’après ce que relate sa fille Lolita) suite aux attentats de janvier. Un portrait qui résonne fort dans cette France de novembre à nouveau endeuillée. Et pour cause, Renaud pleure sans doute encore, lui le titi parisien, lui qui aime tant l’effervescence et les bistrots de la capitale.
Puis, c’est un portrait tendre et sans cacher les failles, que ses proches dressent au journaliste. On se plonge dans son enfance bercée par les bandes-son des films de la Nouvelle vague et les bruits du quotidien qui forgent son oreille. Dès ses premiers textes, Hexagone ou Amoureux de Paname, on se souvient qu'on peut clamer la plupart d'entre eux aujourd’hui plus que jamais.
Une boule d'amour et de rage
On est au plus près ensuite, de la fabrique improbable de Mistral gagnant. On apprend sa grande amitié avec Coluche à qui il rendra hommage suite à sa mort accidentelle dans Putain de camion. Puis on voit se déployer son amour immense pour ses proches, qu’il ne cesse de célébrer en chansons depuis Oscar - qui fait référence à son grand-père mineur du Nord et dont il se souviendra quand il incarnera Etienne Lantier dans Germinal de Claude Berri - à Molly Malone pour son fils à présent âgé de neuf ans, en passant par les célèbres Ma gonzesse et En cloque pour Dominique, Morgane de toi pour sa fille ou encore les 18 chansons écrites pour sa deuxième épouse, Romane Serda.
D'une renaissance à l'autre
A la première renaissance de Boucan d’enfer en 2002 (ses fans savent combien le chanteur hanté par le démon de l’alcool et de la mélancolie est un véritable phénix), suivra bientôt une autre, sans doute, entamée récemment avec sa participation au disque de Grand Corps Malade, Il nous restera ça, avec la très belle chanson dédiée à son fils, Ta batterie ("Tu voulais faire du bruit / Comme j’en ai fait parfois / ça m’a bouffé la vie / Fais gaffe à tes p’tits doigts").
Né de cette impulsion, son futur album est en cours d’enregistrement à Bruxelles. D’une voix caverneuse témoin des excès, certes. Mais debout. A ceux qui pensent le voir au bout, ses proches et lui-même répondent qu’il est "indestructible".
N.S
