Liberté de ton, impertinence, amour du verbe, côté populaire et accessible : telles sont les qualités requises pour remporter depuis 2006 le prix Georges Brassens. Isabelle Monnin et Alex Beaupain ne l’ont pas volé cette année avec leur très bel objet hybride Les Gens dans l’enveloppe comme vient de le dévoiler sur les réseaux sociaux l’éditeur JC Lattès.
Un projet sur la mémoire à la croisée de plusieurs arts
Très chaleureusement conseillé par la rédaction de MyBOOX, Les Gens dans l’enveloppe relève du projet un peu fou. Un jour de 2012, la journaliste et romancière apprend que l’on peut très aisément acheter sur internet des photographies d’inconnus. Fascinée par cette possibilité, elle acquiert un lot de 250 clichés des années 60 à 2000, cédé trois francs six sous par un brocanteur sur un site de vente en ligne. Elle les reçoit dans une grande enveloppe molletonnée et découvre avec stupeur des visages qu’elle ne connaît pas mais qui lui sont très vite familiers et une petite fille dont un portrait au pull rayé et yeux dans le vague frappe particulièrement l’auteur. L’idée jaillit un jour et ne lâche plus Isabelle Monnin : il faut qu’elle écrive leur vie. Une fiction d’abord. Ensuite elle tentera de les retrouver et de ranimer les Gens figés sur la pellicule. Pour être sincère, l’écriture du roman devra bien sûr précéder l’enquête et ne plus jamais connaître de retouche. Alex Beaupain qui renoue là avec sa patte des Chansons d’amour pose une bande-son tout en nuances où il fait intervenir des voix connues et anonymes, celles des Gens précisément qui ont accepté de prendre part à cette merveilleuse entreprise de mémoire.
N.S