Robert Badinter, une vie à défendre l'abolition de la peine de mort
Né en 1928 à Paris, Robert Badinter emprunte, une fois adulte, le chemin du droit et de la justice et se fait avocat. En 1965, il obtient l'agrégation de droit après avoir soutenu une thèse sur les conflits de droit aux États-Unis. Onze ans plus tard, en 1976, a lieu son procès le plus célèbre : celui de Patrick Henry, meurtrier d'un garçon de sept ans. Grâce à sa plaidoirie contre la peine de mort, ce dernier échappe à la peine capitale et est condamné à la réclusion à perpétuité. Nommé ministre de la Justice en 1981 par François Mitterrand, il abolira la peine de mort à l'échelle nationale la même année.
Ce combat, Robert Badinter en rendra compte dans ses écrits tout au long de sa vie. En 1973, il publie L'Exécution, ouvrage dans lequel il retrace le procès de deux condamnés à mort, Claude Buffet et Roger Bontems, et qui fait figure de manifeste contre la peine de mort. En 2000, il prendra comme point de départ ce même procès pour écrire L'Abolition et souligner sa volonté d'étendre celle-ci à une échelle universelle. En 2006, il réaffirmera sa position dans un essai intitulé Contre la peine de mort dans lequel il mesurera le chemin parcouru vers cette abolition universelle, ainsi que le chemin qu'il reste à parcourir.
"Le jour viendra où il n'y aura plus, sur la surface de cette terre, de condamné à mort au nom de la justice. Je ne verrai pas ce jour-là. Mais ma conviction est absolue : La peine de mort est vouée à disparaître de ce monde plus tôt que les sceptiques, les nostalgiques ou les amateurs de supplices le pensent."
Robert Badinter, une vie au service de la justice
Au sein du gouvernement dirigé par François Mitterrand, Robert Badinter obtient en 1982 la dépénalisation des relations homosexuelles entre majeurs de moins de 21 ans. Cet autre combat, mené de front aux côtés de Gisèle Halimi, a ouvert la voie à l'adoption, jusqu'à récemment, de textes et de lois en faveur des droits des personnes homosexuelles. Auteur du nouveau code pénal, publié en 1985, Robert Badinter quitte ses fonctions de ministre de la Justice en 1986 : il reviendra sur les tenants et les aboutissants de cette fonction en 2011, dans un livre intitulé Les épines et les roses.
De 1986 à 2001, il occupe le poste de président du Conseil constitutionnel et deviendra sénateur de 1996 à 2011. Tout en poursuivant ses engagements, il fait aussi siens de nouveaux combats. Il s'impose notamment comme une figure de proue du combat contre l'antisémitisme. Il publie par exemple en 1989 Libres et égaux..., un ouvrage dédié à l'émancipation des Juifs, avant de préfacer, en 2008, le dossier du procès qu'il a remporté contre Robert Faurisson : La Justice et l'Histoire face au négationnisme - Au coeur d'un procès.
Robert Badinter, un homme de lettres
Tout au long de sa vie, Robert Badinter aura écrit. Parmi ses ouvrages les plus célèbres, se trouve Condorcet, un intellectuel politique, écrit à quatre mains avec son épouse Elisabeth Badinter. Ensemble, ils dressent le portrait d'un homme passionné de justice, d'un intellectuel résolument engagé dont la pensée a forgé le patrimoine républicain. Plus récemment, en 2023, c'est aux côtés de Bruno Cotte et Alain Pellet qu'il a signé un essai intitulé Vladimir Poutine, L'accusation, dans lequel ils dénoncent les crimes de guerre et contre l'humanité commis contre l'Ukraine par le chef du gouvernement russe.
Au-delà du champ politique, Robert Badinter met sa plume au service de la littérature. En 2018, il publie Idiss, un émouvant portrait de sa grand-mère. Il publie également, en 2021, un recueil de pièces de théâtre dans un ouvrage intitulé Théâtre I aux éditions Fayard.
Shannon Humbert.