Si Joseph Joffo aura attendu 26 ans pour raconter ses souvenirs d’enfant juif en fuite dans la France occupée, le succès sera immédiat à la parution d’Un sac de billes en 1973 chez Jean-Claude Lattès. Auteur d’une œuvre rapidement devenue essentielle, régulièrement rééditée, adaptée et enseignée à l’école, Joseph Joffo est mort ce jeudi 6 décembre à l’âge de 87 ans à Saint-Laurent-du-Var, a annoncé l’un des fils du romancier.
De l'enfance heureuse à la fuite
Il était né à Paris le 2 avril 1931 de parents immigrés russes et juifs. Son père, coiffeur, et sa mère, violoniste, vivent alors dans le quartier de Montmartre. Son enfance heureuse avant la guerre, il la décrira dans Agates et calots qui ne paraîtra qu'en 1995. Mais le récit fondateur, ce sera celui de la fuite dans la France occupée. En 1942, il doit quitter Paris avec son frère aîné, Maurice afin de se réfugier en zone libre qu’ils atteignent dans les Landes avec l’aide d’un villageois après un long et dangereux périple. La famille est réunie à Nice mais le répit est de courte durée puisqu’ils doivent de nouveau fuir en 1943. Arrêtés par la Gestapo, Joseph et son frère s’en sortent grâce à l’aide d’un prêtre mais leur père est déporté à Auschwitz d’où il ne reviendra pas. Ce n'est qu'à la fin de la guerre, que Joseph, alors âgé de 12 ans, retrouvera sa mère et ses frères à Paris.
Un sac de billes : oeuvre fondatrice du XXe siècle
C’est donc seulement vingt-six ans plus tard qu’il prend la plume pour raconter ces années de traumatisme. Après avoir essuyé plusieurs refus, Un sac de billes, rédigé sur un cahier d’écolier et avec l’aide de Claude Koltz, est publié par Jean-Claude Lattès en 1973. Succès immédiat en librairie, l’ouvrage s’est jusqu’à présent vendu à 20 millions d’exemplaires et a fait l’objet de très nombreuses traductions à l'étrnager, rééditions et adaptations notamment en 2017 par Christian Duguay. Récompensé par l’Académie française en 1974, Il reste également un livre de choix à l’école où les proffesseurs ne cessent de le plébisciter pour enseigner la persécution des juifs pendant la Seconde guerre mondiale et sensibiliser les nouvelles générations à l’antisémitisme.
L'oeuvre de Joseph Joffo : l'enfance face à la barbarie des hommes
D’autres romans complèteront cette œuvre en parallèle des activités professionnelles de Joseph Joffo qui, honorant la tradition familiale, reprendra l’affaire de son père et ouvrira pas moins d’une douzaine de salons de coiffure à Paris. Dans Anna et son orchestre en 1975, il relate la jeunesse de sa mère. Baby-foot en 1977 s’attache à décrire sa découverte des valeurs américaines. Simon et l’enfant (1981) décrit la relation complexe d’un enfant juif et de son beau-père pendant la guerre. La Jeune fille au pair en 1984 raconte le quotidien d’une jeune fille au pair allemande dans une famille juive juste après la guerre. En seomme, beaucoup de ses romans, comme également Je reviendrai à Göttingen, s’attachent souvent à décrire l’enfance confrontée à la barbarie des hommes. C’est en tout presque vingt romans – jusqu’au Partage en 2005 (éditions du Rocher) - ainsi que des contes pour enfants, qui constituent l’œuvre de Joseph Joffo.
N.S