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27 Décembre 2017

Faïza Guène : la playlist de "Millénium blues"

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Révélation de l’année 2004 à tout juste dix-neuf ans avec son premier roman Kiffe kiffe demain et auteure de trois autres ouvrages depuis, Faïza Guène sera de retour en librairie le 10 janvier avec Millénium blues (Fayard). Cette chronique douce-amère retrace vingt ans de la vie d’une jeune narratrice qui promène son regard sur le monde et change avec lui des années 1990 à nos jours, de l’enfance à l’âge adulte. La romancière a commenté pour nous les références musicales qu’elle convoque et qui rythment la vie de Zouzou. 

Près de quinze ans après Kiffe kiffe demain, Faïza Guène, 32 ans aujourd’hui, continue d’écrire les histoires d’héroïnes qui lui ressemblent et qui regardent le monde avec les mêmes yeux qu’elle. C’est encore le cas dans Millénium blues, à paraître le 10 janvier chez Fayard où Zouzou passe le temps de quelques chapitres à la chronologie bouleversée, de l’enfance à l’âge adulte, de l’innocence à la conscience des choses. 

 

ABBA : "Les mélodies sont légères mais en fait c’est très beau, très poétique"

 

Ça commence par un drame en pleine canicule à l’été 2003 et Zouzou raconte ensuite sa vie par épisodes, allant et venant dans le temps liant vie intime et collective. Cette chronique de la génération Y – "génération why" - est bercée par une bande son éclectique et parfois surprenante que commente pour nous Faïza Guène à commencer par les références très marquées à ABBA. Car oui, Zouzou est fan du groupe culte suédois et la romancière va jusqu’à reproduire et traduire plusieurs textes de chansons ! "Intégrer une chanson dans un roman donne une dimension différente à la chanson. La traduire et prêter attention aux mots donne presque une dimension d’analyse. (…)  Il y a une attention différente portée sur les paroles au regard de ce que Zouzou vit et du moment où la chanson arrive dans le texte. Chez ABBA les mélodies sont légères mais en fait c’est très beau et poétique, je le pense vraiment !" 

 

La petite maison dans la prairie : "Pas de condescendance pour la culture populaire"

 

Autre référence de la culture populaire, La petite maison dans la prairie et son générique emblématique auront bercé l’enfance de la romancière autant que celle de son personnage. "C’était un truc rituel. J’étais assez fan. Ce sont des choix hyper assumés. ABBA, La petite maison dans la prairie, c’est une culture mainstream populaire mais pour laquelle il ne faut pas avoir de condescendance car ça représente notre génération. Avec les rediffusions à la télé, ce sont des références qui sont devenues parlantes". 

 

A Vava Inouva d’Idir : "Idir est une sorte de double de son père dans l’histoire"

 

Autre chanson marquante pour notre narratrice : A Vava Inouva du chanteur kabyle Idir qui illustre la relation de Zouzou avec son père. "C’était presque le double de son père dans l’histoire. C’est une chanson du patrimoine algérien qui est très importante, que je trouve très belle. Évoquer une chanson est toujours justifié par l’histoire, par le personnage. Ce ne sont pas des clins d’œil anecdotiques… Cette chanson c’est un dialogue entre un père et sa fille donc ça a du sens. Ça arrive au moment où son père se remarie, des choses dans l’histoire justifient cette référence", commente Faïza Guène. 

 

I Am, NTM, Doc Gynéco, Lunatic : "l’âge d’or du rap français"

 

Interviennent également les grands noms du rap français des années 1990  (I AM, Doc Gynéco, Lunatic…), "l’âge d’or du rap" pour la jeune auteure. "Ça fait partie de ma culture, le hip hop. Ce sont des choses qui m’ont nourrie d’ailleurs plus que les livres en fait à ce moment-là", précise-t-elle. 

 

Guns N’Roses : "Les personnages, je leur sauve toujours un peu la peau"

 

Les références musicales sont aussi le moyen de dépeindre au mieux le caractère des personnages qui entourent la jeune héroïne. C’est le cas pour sa meilleure amie Carmen dont le destin se brisera mais dont le seul prénom convoque la flamboyance de l’opéra de Bizet : "C’est Séville. C’est le feu. C’est un tempérament. Un destin", dit Zouzou page 17. Idem pour Eddy, compagnon de Zouzou et père de sa fille, un brin déconcerné de son rôle conjugal et paternel et que l’on trouvait plutôt antipathique à la lecture avant que Faïza Guène précise les choses : "Les personnages, je leur sauve toujours un peu la peau… C’est un écorché vif, il a des plaies ouvertes. Il ne sait pas rendre les autres heureux parce qu’il n’est pas heureux lui-même". Lui attribuer la chanson November rain des Guns’N Roses était un choix délibéré : "Le rendre un peu romantique par ce choix de chanson était ironique par rapport à la situation et donnait une dimension particulière à leur histoire d’amour".

 

En attendant la parution, on vous laisse chausser vos écouteurs comme sur la couverture pour écouter la playlist de Millénium blues. Et regardez aussi notre entretien vidéo réalisé avec Faïza Guène autour de son roman. 

 

Noémie Sudre

 

N.S

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