Quel sportif a plus été commenté que Cassius Clay ? Sans doute aucun. Et pourtant, à la lecture de la biographie que vient de réaliser Jonathan Eig, il semblait y avoir encore tellement à dire sur lui que l'on ne peut que saluer le travail d'enquête et d'écriture réalisé par son auteur. Car Ali, au-delà de cette histoire si romanesque qui lui est propre, représente la quintessance de l'Amérique de la deuxième partie du XXe siècle, de la lutte des afros-américains pour la reconnaissancce de leur droits à la splendeur de l'Amérique du spectacle, en passant par le mythe du self-made man, la place qu'a pris le spectacle dans notre société et la double figure de l'homme pris au piège de ses grandes qualités et de ses grands défauts. Une œuvre monumentale dont nous vous faisons découvrir un extrait exclusif.
LA BIOGRAPHIE DE RÉFÉRENCE SUR ALI
Avec plus de 500 interviews menées et des milliers de documents encore inédits provenant des archives du FBI et du département de la Justice américain décortiquées, c'est peu dire que Jonathan Eig a mené un travail titanesque pour condenser en quelques 700 pages l'incroyable vie de Mohamed Ali. Suivant chronologiquement son ascension vers les sommets de la gloire, tout en dépeignant la société américaine qu'il a tant influencé, Ali raconte une autre histoire que celle que l'on connaît du plus grand boxeur de tous les temps.
UN EXTRAIT EXCLUSIF DE LA BIOGRAPHIE
Curieux de découvrir cette biographie ? Les éditions Marabout ont partagé avec nous un extrait exclusif de cette biographie incroyable, qui s'attache à la genèse de l'histoire de Cassius Clay. Un puissant témoignage de la soif de reconnaissance et de l'obsession de la gloire que Cassius Clay a très tôt développé, et qui aura servi de carburant à ses ambitions dès ses plus jeunes années.
« En 1959, Cassius Clay ne fut pas retenu comme meilleur sportif du lycée par The Centralian, l’annuaire du Central High School. Cet honneur était dévolu à son ami Vic Bender, la star de l’équipe de basket. Cela ne posait aucun problème au jeune Clay : même s’il était plus grand et plus rapide que la plupart de ses camarades de classe, il ne s’intéressait guère aux sports collectifs, et ne rejoignit aucune des équipes populaires dans son lycée. Comme il l’expliqua des années plus tard, le football américain est à peu près le seul autre sport auquel je me suis intéressé, mais je lui reprochais de rendre impossible toute publicité personnelle : sous tout l’équipement qu’on est obligé de porter, les gens ne vous voient plus". La boxe était devenue sa vie, sa religion, sa raison de se lever le matin. Au lycée, quand il n’était pas en classe, il boxait ans le vide, il lançait des coups de poings qui s’arrêtaient à quelques centimètres des casiers bordant les couloirs. Pendant les cours, il dessinait des rings et des gants de boxe, ainsi que des blousons semblables à celui de l’équipe de foot de Central High School, mais avec les mots "Champion National Golden Gloves" ou "Champion du monde poids lourds". Il distribuait à ses camarades des autographes signés "Cassius Clay, champion du monde poids lourds".
Un jour où Cassius rêvassait, sa professeure lui demande de répondre à une question qu’il n’avait pas entendu.
"Cassius, tu écoutes ce qui se passe en classe ?" (p. 53)
Il mentit et dit que oui.
"Alors réponds à la question".
Silence.
"Cassius, que vas-tu faire de ta vie ?"
Toujours pas de réponse. Mais trois garçons levèrent la main, et l’un d’eux lâcha : "Madame, Cassius sait se battre !" (p. 53)
Y. Cz.